À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse 3,57% à 5.359 points, un plus bas depuis la mi-juin. C'est la plus forte baisse en pourcentage pour l'indice phare de la Bourse de Paris depuis le 24 juin 2016, au lendemain du vote britannique en faveur du Brexit.

Le Footsie britannique a cédé 2,4% et le Dax allemand a perdu 3,11%.

L'indice EuroStoxx 50 recule de 3,07%, le FTSEurofirst 300 de 2,45% et le Stoxx 600 de 2,41%, terminant à un creux depuis le 18 juin.

Sur la semaine, le CAC 40 a perdu 4,47% et le Stoxx 600 a abandonné 3,18%, sous le coup des annonces jugées insuffisamment accommodantes de la Réserve fédérale et des tensions sur le commerce.

Le président américain Donald Trump a surpris et fait chuter les Bourses mondiales et les rendements obligataires en annonçant jeudi l'instauration à compter du 1er septembre des droits de douane additionnels de 10% sur les 300 milliards de dollars d'importations chinoises encore non taxées (environ 270 milliards d'euros).

La Chine a répliqué en annonçant qu'elle prendrait des mesures de rétorsion si les Etats-Unis passaient à l'acte.

Cette annonce de Donald Trump marque la fin brutale d'une trêve temporaire dans le conflit commercial et pourrait accentuer la pression sur la Réserve fédérale (Fed) pour qu'elle baisse à nouveau ses taux d'intérêt.

"Les nouveaux droits de douane pourraient être un coup rendu à la Fed de la part de Donald Trump qui estimait que la politique de la banque centrale n’était pas assez accommodante, créant ainsi de l’incertitude et des tensions supplémentaires qui pousseraient la Fed à baisser davantage ses taux lors de la prochaine réunion", estime Saxo Banque dans une note.

La nervosité des Bourses européennes s'est illustrée par la remontée de l'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50, qui a bondit de 33,6%.

VALEURS

Cet accroissement des tensions a pénalisé quasiment l'ensemble des indices sectoriels européens à commencer par ceux des ressources de base (-4,62%), de la technologie (-3,58%) et de l'automobile (-3,37%).

A Paris, ArcelorMittal a signé la plus forte baisse du CAC 40 avec une chute de 6,64% - sa plus forte baisse en une séance depuis mi-mai 2017 - suivi par STMicroelectronics (-6,56%).

Peugeot a reculé de 3,74% tandis qu'au sein du SBF 120, Valeo a lâché 6,79%.

Affectées également par le regain de tensions entre les deux premières puissances économiques du monde, les valeurs européennes du luxe Ferragamo, Kering, Moncler, Richemont et LVMH ont cédé entre 2,09% et 5,46%.

Crédit Agricole a perdu 4,88% après avoir dégagé un bénéfice net en baisse de 15% au deuxième trimestre lié notamment à une remontée du coût du risque dans sa banque de financement et d'investissement.

En tête du Stoxx 600, le groupe de compagnies aériennes IAG a pris 8,39% après avoir fourni des perspectives 2019 rassurantes et réalisé un bénéfice supérieur aux attentes au cours de la première partie de la saison estivale.

A WALL STREET

Au moment de la clôture européenne, les trois indices majeurs de Wall Street reculaient entre 1% et 1,5%. Les valeurs du secteur technologique (-2,28%), qui tirent une part importante de leurs revenus de Chine, sont les plus durement touchées par les tensions sur le commerce. Apple perd 2,81%, parmi les plus fortes baisses du Dow Jones, et l'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie abandonne 1,68%.

Le S&P-500, indice de référence des gérants américains, est passé brièvement au-dessous de sa moyenne mobile à 50 jours pour la première fois depuis le 7 juin.

LES INDICATEURS DU JOUR

Plusieurs indicateurs, américains notamment, ont ponctué la séance mais face aux craintes suscitées par le commerce, ils ont eu peu d'impact sur la tendance.

Principal rendez-vous macro-économique de la séance, la croissance de l'emploi aux Etats-Unis a ralenti en juillet et celle des salaires a légèrement accéléré, ce qui, dans un contexte d'aggravation des tensions commerciales entre Washington et Pékin, pourrait donner des raisons à la Réserve fédérale de baisser à nouveau ses taux d'intérêt le mois prochain.

TAUX

Sur le marché obligataire, le regain de tensions favorise un repli des rendements, celui du 10 ans américain cédant près de cinq points de base pour retomber à 1,8606%, un plus bas depuis novembre 2016.

Le rendement du Bund allemand de même échéance a perdu environ quatre points de base, à -0,491%, proche du plus bas record atteint dans la matinée à -0,502%.

Le rendement de l'emprunt allemand à 30 ans est passé brièvement dans le négatif pour la première fois de son histoire, jusqu'à -0,006%, et l'ensemble de la courbe des taux allemande s'est ainsi retrouvé en territoire négatif.

CHANGES

Contre un panier de devises internationales, le dollar recule légèrement (-0,2%).. +Il perd en revanche près de 0,7% face au yen, à un plus bas de sept mois, et de 0,8% face au franc suisse, deux monnaies refuges. Le billet vert a amplifié ses pertes face au yen après le ralentissement de la croissance de l'emploi américain en juillet, qui favorise le scénario d'une autre baisse de taux en septembre aux Etats-Unis.

PÉTROLE

Sur le marché pétrolier, les cours regagnent du terrain après avoir lourdement chuté jeudi face aux inquiétudes sur le front du commerce.

Le baril de Brent prend 2,73% à 62,15 euros, après être tombé à 60 dollars la veille, un creux depuis la mi-juin. Le baril de brut léger américain avance de 2,74% à 55,43 dollars, après déjà perdu 4,63% jeudi soit sa plus forte baisse en une séance depuis février 2015.

A SUIVRE lundi :

Parmi les indicateurs à l'agenda lundi, les indices PMI définitifs pour le secteur des services en zone euro et en Allemagne seront publiés dans la matinée.

(Édité par Marc Joanny)

par Laetitia Volga