PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse jeudi et Wall Street était également en forte progression en fin de matinée à New York, les investisseurs étant soulagés par le ralentissement de l'inflation aux Etats-Unis qui renforce l'espoir d'un début de modération du resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) alors que les rendements obligataires et dollar chutent.

À Paris, le CAC 40 a terminé sur un gain de 1,96% à 6.556,83 points. Le Footsie britannique a pris 1,08% et le Dax allemand a avancé 3,51%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 3,18%, le FTSEurofirst 300 de 2,56% et le Stoxx 600 de 2,75%.

Le département américain du Travail a indiqué que l'indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis avait progressé sur un mois de 0,4% en octobre, comme en septembre, et de 7,7% en rythme annuel après un gain de 8,2% le mois précédent alors que le consensus Reuters prévoyait respectivement +0,6% et +8,0%.

Le ralentissement des prix est encore plus net quand on exclut l'énergie et les produits alimentaires, puisque que l'indice "core CPI", a décéléré à 0,3% sur un mois et 6,3% sur un an, contre respectivement +0,6% et +6,6% en septembre et un consensus à +0,5% et +6,5%.

Sur les marchés financiers, la réaction a été immédiate: l'indice CBOE de la volatilité à Wall Street a touché un creux de deux mois autour de 23 points, le rendement des emprunts américains à deux ans est lui passé de 4,63% en début de matinée à 4,33% en fin de session en Europe, tandis que le dollar a plongé de plus de 2% face à un panier de grandes devises.

Les traders évaluent désormais à 80% la probabilité d'un relèvement limité de 50 points de base des taux de la Fed le mois prochain contre 52% avant la publication de la statistique de l'inflation américaine.

Patrick Harker, le président de la Réserve fédérale de Philadelphie, a déclaré jeudi que la banque centrale américaine se rapprochait d'un point où elle pourrait être en mesure de modérer le rythme de sa hausse des taux, tandis que son homologue de l'antenne de Dallas a estimé que ces chiffres constituaient un "soulagement", même s'il reste encore du chemin à faire.

"C'est une très bonne nouvelle pour la future politique de la Fed et cela indique que ce qu'elle a fait est approprié", a déclaré pour sa part Mike Zigmont, directeur du trading chez Harvest Volatility Management, ajoutant que les nouvelles données réduisent la menace d'un resserrement monétaire trop important au risque d'étouffer l'économie.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones avance de 2,82%, le Standard & Poor's 500 de 4,46% et le Nasdaq de 5,97%, ces deux derniers indices s'acheminant vers leur plus forte progression en pourcentage depuis avril 2020.

Les groupes technologiques Microsoft, Apple, Amazon, Meta Platforms, Tesla et Nvidia, sensibles à l'évolution des taux d'intérêt, prennent de 6,82% à 12,09%.

Dans les résultats d'entreprises, le constructeur automobile Rivian Automotive s'envole de 16,86% après la confirmation de son objectif de production annuelle, tandis que le groupe de luxe Tapestry gagne 3,55% malgré l'abaissement de ses prévisions annuelles dans un contexte de restrictions sanitaires en Chine.

VALEURS

En Europe, la quasi totalité des grands secteurs de la cote ont fini dans le vert et la meilleure performance a été pour le compartiment des nouvelles technologies, qui a profité du reflux des rendements obligataires.

Côté résultats d'entreprises, Engie a pris 3,95% après le relèvement de ses prévisions pour cette année et un bond de ses résultats sur neuf mois. Crédit agricole a en revanche reculé de 2,53%, la banque ayant déçu le marché avec ses revenus inférieurs aux attentes.

Ailleurs en Europe, AstraZeneca s'est adjugé 2,87%. Le laboratoire britannique ayant relevé sa prévision de bénéfice pour cette année après des résultats trimestriels au-delà du consensus.

L'assureur allemand Allianz a gagné 5,89% et le spécialiste de la livraison des repas Delivery Hero 18,64%, tous deux portés par le relèvement de leurs perspectives pour cette année, tandis que les équipementiers automobiles Knorr Bremse(+11,88%) et Continental (+7,6%) ont été recherchés en raison de bénéfices trimestriels meilleurs que prévu.

Hors résultats, Teleperformance, a chuté de 33,90% avant une suspension du titre à la suite de l'ouverture d'une enquête en Colombie sur les conditions de travail des salariés de la plate-forme TikTok dont il est un sous-traitant.

CHANGES

A la clôture des Bourses en Europe, le dollar abandonne 2,03% face aux autres grandes devises en réaction aux chiffres de l'inflation américaine.

L'euro en profite pour remonter à 1,0164 dollar (+1,53%), alors qu'il était retombé sous la parité avec le billet vert avant la publication de la statistique.

Le bitcoin, qui a touché mercredi un creux de deux ans à 15.632 dollars en réaction à l'abandon du projet d'achat des actifs de la plate-forme de cryptomonnaie FTX par Binance, rebondit de 11,73%.

TAUX

Les marchés obligataires reculent nettement, un ralentissement de la hausse des taux de la Fed étant jugé désormais probable, d'autant que parallèlement au ralentissement de l'inflation, les inscriptions au chômage aux Etats-Unis ont augmenté plus fortement que prévu la semaine dernière, à 225.000.

Le rendement des Treasuries à dix ans et deux ans cèdent chacun environ 29 points de base à 3,85% et 4,33%.

En Europe, le rendement du Bund allemand, référence pur la zone euro, s'est contracté de 17,2 points à 2,005% pour le dix ans et de 14,1 points à 1,978% pour le deux ans.

PÉTROLE

Les cours du pétrole remontent après trois séances consécutives de baisse, soutenus à la fois la repli du dollar et le ralentissement de l'inflation aux Etats-Unis qui pourraient compenser les craintes sur la demande en Chine alors que le pays fait face à une résurgence de l'épidémie de COVID-19 dans plusieurs grandes villes du pays, y compris à Pékin.

Le Brent gagne 1,72% à 94,24 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,67% à 87,26 dollars le baril.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

par Claude Chendjou