Les Bourses européennes ont terminé en hausse vendredi après avoir piqué du nez à la mi-séance après la nouvelle offensive américaine contre le géant chinois Huawei.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse pour la première fois de la semaine, prenant 0,11% à 4.277,63 points, après avoir cédé jusqu'à 0,4% en séance. Sur la semaine, l'indice parisien a perdu environ 6%, sa plus forte baisse depuis la mi-mars.

Le Footsie britannique a pris ce vendredi 1,01% et le Dax allemand a gagné 1,24%.

L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,38% et le FTSEurofirst 300 de 0,36%. Le Stoxx 600 s'est octroyé 0,47% mais a laissé près de 3,8% sur la semaine.

L'Europe boursière avait ouvert en hausse vendredi matin, encouragés par l'annonce d'un rebond de la production industrielle en Chine au mois d'avril, en hausse pour la première fois cette année. Mais le dernier coup de pression américain sur la Chine a sapé l'enthousiasme relatif des investisseurs pour cette séance dite des "trois sorcières", où contrats à terme et options sur indices et actions arrivent simultanément à échéance.

Car l'administration Trump a restreint vendredi les livraisons de semi-conducteurs au groupe chinois de hautes technologies Huawei, une mesure qui risque de raviver les tensions entre Washington et Pékin.

Le Global Times, un journal proche du Parti communiste chinois, a rapporté que Pékin était prêt, en représailles aux mesures adoptées par Washington, à placer plusieurs entreprises américaines, comme Apple ou Boeing, sur une "liste d'entités non fiables".

La décision américaine fait suite à de nombreuses critiques du président Donald Trump sur la gestion par Pékin de l'épidémie de coronavirus et les menaces d'une rupture de l'accord commercial de "Phase 1" conclu entre les deux puissances mondiales.

"Comme je l'ai déjà souligné, dans une année électorale où l'économie nationale souffre d'une grave récession, Trump est susceptible de frapper très fort contre la Chine, d'autant plus que pour cela il a un soutien bipartisan et que les sondages indiquent un sentiment anti-Chinois élevé", a déclaré Neil Wilson chez Markets.com.

A WALL STREET

Dans ce contexte, Wall Street reculait à l'heure de la clôture en Europe.

La baisse plus forte que prévu des ventes au détail aux Etats-Unis en avril et la chute historique de la production industrielle pèsent également la tendance.

L'indice Dow Jones perdait 0,41%, le Standard & Poor's 500, plus large, reculait de 0,43% et le Nasdaq Composite, à forte coloration technologique, cédait 0,81%.

Le secteur de la high tech souffre logiquement, l'indice Stoxx reculant de 0,95%. L'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie perdait 3,72%, Qualcomm chutait de 5,60%.

Parmi les plus fortes baisses du Dow, Apple, Boeing et Intel reculaient de 1,75 à 2,85%.

VALEURS

En Europe, la majorité des secteurs sont restée dans le vert, la plus importante progression revenant au secteur des ressources de base dont l'indice Stoxx a pris 2,75%.

A Londres, Glencore, Rio Tinto, BHP, et Anglo American ont gagné entre 3,50% et 5,10%.

A Paris, l'opérateur de satellites Eutelsat a pris 7,40% après des résultats trimestriels bien accueillis.

Dans son sillage, SES a avancé de 5,32%.

Imerys a bondi de 9,35% après l'annonce d'un accord en vue du règlement définitif de contentieux liés au talc aux Etats-Unis. Wendel a profité du relèvement de conseil de Citigroup à l'achat pour gagner 7,82%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les autres statistiques du jour, essentiellement américaines, n'ont pas eu d'impact sur la tendance, que ce soit l'amélioration de l'activité manufacturière dans la région de New York ou du moral des ménages.

En Europe, la contraction de 2,2% de l'économie allemande au premier trimestre n'a pas surpris, ni la baisse de 3,8% du produit intérieur brut (PIB) en zone euro, conforme à la première estimation.

CHANGES

Le dollar cède environ 0,1% contre un panier de devises internationales après avoir atteint jeudi un pic de trois semaines.

L'euro progresse légèrement au-dessus de 1,081 dollar.

TAUX

Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a fini quasiment stable à -0,53%. Celui des Treasuries à dix ans monte légèrement, autour de 0,636%.

PÉTROLE

Des signes d'un retour de la demande de brut alimentent la hausse du marché pétrolier: le Brent gagne 2,63% à 31,95 dollars après un pic à 32,50, un plus haut depuis le 14 avril, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 5,19% à 28,99 dollars.

(Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey)