Les principaux négociateurs iraniens et américains ont entamé samedi un nouveau cycle de pourparlers indirects visant à conclure un accord limitant le programme nucléaire de Téhéran, tandis que le président américain Donald Trump a affiché sa confiance dans la conclusion d'un nouveau pacte qui barrerait la route à l'Iran vers la bombe atomique.
Des experts se sont réunis avant que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, ne doive négocier indirectement avec l'envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, à Mascate samedi, par l'entremise de médiateurs omanais, une semaine après un second round à Rome que les deux parties ont qualifié de constructif.
Depuis le début de son second mandat, Trump s'efforce de négocier sur certains des plus grands conflits et crises mondiaux, dont l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'offensive israélienne à Gaza et la question sensible du programme nucléaire iranien.
La République islamique, de son côté, a montré son intérêt pour une levée des sanctions, alors que son économie continue de souffrir et après plus d'un an de revers militaires infligés par son rival régional, Israël.
Les médias d'État iraniens ont rapporté samedi que les discussions avaient débuté. « Un troisième round de négociations entre la République islamique d'Iran et les États-Unis d'Amérique a commencé à Mascate », a indiqué l'agence de presse IRNA, sans donner plus de détails.
Une source proche de l'équipe de négociation iranienne a confirmé que des experts des deux camps s'étaient rencontrés samedi.
Les discussions doivent débuter au niveau des experts, qui commenceront à élaborer un cadre pour un éventuel accord nucléaire, avant une rencontre indirecte entre les principaux négociateurs.
Trump, dans une interview accordée à Time magazine et publiée vendredi, a déclaré : « Je pense que nous allons conclure un accord avec l'Iran », tout en répétant sa menace de recourir à une action militaire contre l'Iran si la diplomatie échouait.
Bien que Téhéran et Washington aient affiché leur volonté de poursuivre la voie diplomatique, ils restent très éloignés sur un différend qui perdure depuis plus de vingt ans.
PRESSION MAXIMALE
Trump, qui a remis en place une politique de « pression maximale » sur Téhéran depuis février, avait quitté l'accord nucléaire de 2015 entre l'Iran et six grandes puissances en 2018 lors de son premier mandat, réimposant des sanctions écrasantes contre l'Iran.
Depuis 2019, l'Iran a violé les restrictions nucléaires prévues par l'accord, notamment en accélérant « de manière spectaculaire » l'enrichissement de l'uranium jusqu'à 60 % de pureté, un seuil proche des 90 % nécessaires pour un usage militaire, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a déclaré cette semaine que l'Iran devrait cesser entièrement l'enrichissement d'uranium dans le cadre d'un accord, et importer tout uranium enrichi nécessaire pour alimenter sa seule centrale nucléaire en fonctionnement, à Bouchehr.
Selon des responsables iraniens, Téhéran serait prêt à négocier certaines restrictions sur son programme nucléaire en échange d'une levée des sanctions, mais la fin de l'enrichissement ou la remise de son stock d'uranium enrichi font partie des « lignes rouges de l'Iran qui ne sauraient être franchies » lors des discussions.
Par ailleurs, des États européens ont suggéré aux négociateurs américains qu'un accord global devrait inclure des limites empêchant l'Iran d'acquérir ou de finaliser la capacité de placer une ogive nucléaire sur un missile balistique, selon plusieurs diplomates européens.
Téhéran insiste sur le fait que ses capacités de défense, notamment son programme balistique, ne sont pas négociables, et les dirigeants religieux iraniens affirment que ce programme ne représente aucune menace pour les pays de la région. Un responsable iranien au fait des discussions a déclaré vendredi que Téhéran considère son programme de missiles comme un obstacle majeur dans les pourparlers.
L'an dernier, l'Iran a tiré des dizaines de missiles balistiques sur Israël après l'assassinat de commandants iraniens et de dirigeants paramilitaires alliés par Israël, dans une escalade régionale déclenchée par la guerre à Gaza.