PARIS/TEHERAN, 9 février (Reuters) - L'Iran, sous le coup de strictes sanctions financières, commence à proposer des paiements en or ou des accords de troc - pétrole contre nourriture - pour se procurer des denrées, a-t-on appris jeudi auprès de courtiers en matières premières.

Les nouvelles sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne pour punir la poursuite par l'Iran d'activités nucléaires qu'ils jugent suspectes n'interdisent pas la vente de produits alimentaires à l'Iran mais compliquent les transactions financières internationales qui l'accompagnent.

Selon des courtiers en matières premières interrogés par Reuters, l'Iran éprouve des difficultés, depuis le début de l'année, à assurer ses importations de riz, d'huile de cuisine, de nourriture animale ou de thé. Des cargaisons de céréales ont été retenues dans des ports, les vendeurs refusant de décharger les cargaisons s'ils n'ont pas été payés.

L'effondrement du rial, la monnaie iranienne, face au dollar en conséquence du renforcement des sanctions, a provoqué une flambée du prix de denrées comme le riz, le pain ou la viande qui a doublé ces derniers mois.

Dans le passé, les importateurs de céréales iraniens parvenaient à contourner les sanctions en traitant avec les Emirats arabes unis, indiquent les courtiers, mais ce canal a été interrompu par le gouvernement émirati en réponse aux nouvelles mesures de rétorsion.

L'Iran convertit du pétrole en devises comme le yen japonais, le won sud-coréen ou la roupie indienne, mais il est ensuite difficile de rapatrier les profits.

Les contrats dévoilés jeudi par des courtiers sont parmi les premiers accords de troc offerts par la République islamique pour éviter des transactions en cash.

"Des contrats céréaliers sont payés en lingots d'or et des accords de troc sont proposés", a indiqué un courtier en céréales.

"Etant donné l'importance des quantités, le troc ou les paiements en or sont l'option la plus rapide", note un deuxième négociant.

Les responsables iraniens nient que les sanctions aient un impact économique douloureux pour le pays, tout en assurant que la population est prête à endurer toutes les pénuries pour soutenir le droit souverain de l'Iran à se doter de l'énergie atomique.

Les Occidentaux accusent Téhéran de chercher à se doter de l'arme nucléaire, des soupçons renforcés par un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en novembre. L'Iran affirme poursuivre uniquement un programme d'énergie nucléaire civile.

- L'Iran commence à sentir les effets des sanctions occidentales (Valerie Parent à Paris, Parisa Hafezi à Téhéran,; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)