* L'Espagne et Malte refusent également d'accueillir l'Aquarius

* Le port de Sète prêt à accueillir le navire

* Gibraltar va retirer son pavillon à l'Aquarius d'ici au 20 août (Actualisé avec communiqué de Gibraltar)

par Antonio Denti

A BORD DE L'AQUARIUS, 13 août (Reuters) - L'Italie a refusé lundi d'accueillir dans l'un de ses ports les 141 personnes secourues vendredi par le navire humanitaire Aquarius au large des côtes libyennes, en invitant la Grande-Bretagne et les autres pays de l'Union européenne à leur ouvrir leurs portes.

Le bateau affrété par l'ONG SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF) navigue dans les eaux internationales entre Malte et l'Italie en attendant de connaître sa destination.

"Il ne peut pas aller où il veut, pas en Italie!", a tonné le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, lundi sur Twitter.

"Arrêtez les trafiquants d'êtres humains et leurs complices, #portsfermés et #coeursouverts", a poursuivi le dirigeant de la Ligue (extrême droite) en suggérant que l'Aquarius se rende en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne ou à Malte.

L'Aquarius a déjà passé neuf jours en mer au mois de juin lorsque le nouveau gouvernement italien formé par l'extrême droite et le mouvement populiste Cinq étoiles lui a, pour la première fois, interdit d'accoster dans ses ports en accusant les navires humanitaires de complicité avec les passeurs - une accusation rejetée par les ONG.

Les 650 migrants qu'il transportait avaient finalement pu débarquer en Espagne, mais Madrid n'a pas renouvelé son offre lundi.

"Pour le moment, l'Espagne n'est pas le port le plus sûr car il n'est pas le plus proche" pour l'Aquarius, a déclaré une porte-parole du gouvernement.

LE PORT DE SÈTE PRÊT À ACCUEILLIR L'AQUARIUS

Le président du port de Sète-Frontignan et ancien ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, a fait savoir à SOS Méditerranée qu'il était prêt à accueillir l'Aquarius, avec à son bord les migrants secourus en mer au large des côtes libyennes, a annoncé France Bleu Hérault.

"La seule condition c'est d'abord le feu vert des autorités françaises. Je comprends que les choses sont complexes, y compris qu'il faut combattre les passeurs. Mais là, il s'agit de vies humaines. Tout doit être second par rapport à l'humain, par rapport à sauver des vies, des familles, des femmes et des enfants", a-t-il dit.

Le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli, a déclaré de son côté que puisque le bateau bat pavillon de Gibraltar, il incombe au territoire britannique et à Londres d'assumer leurs responsabilités.

"A ce stade, le Royaume-Uni devrait assumer sa responsabilité de garantir la sécurité des naufragés", a écrit sur Twitter le ministre en charge des ports et des gardes-côtes italiens.

Dans un communiqué, le gouvernement de Gibraltar annonce que l'Aquarius ne pourra plus naviguer sous son pavillon d'ici au 20 août et devra revenir à celui de ses "vrais propriétaires", l'Allemagne.

L'Aquarius devrait cependant être autorisé à débarquer "rapidement et en toute sécurité" dans un port italien, précise le communiqué.

Un porte-parole de la Commission européenne a indiqué que Bruxelles cherchait une solution à cet "incident" avec plusieurs pays de l'Union.

Le centre de coordination des secours de Malte a fait savoir dès samedi à l'Aquarius qu'il n'était pas le bienvenu sur l'île, selon le registre de communications internes du navire.

Sous pression des autorités maltaises et italiennes, la plupart des navires humanitaires ont cessé de patrouiller au large de la Libye. Selon Amnesty International, quelque 720 migrants se sont noyés en juin et juillet en l'absence de secours.

L'Italie a accueilli 650.000 migrants sur son territoire depuis 2014. (Avec Caroline Pailliez à Paris, Chris Scicula à La Valette, Francesco Guarascio et Gabriela Baczynska à Bruxelles, Andres Gonzales et Isla Binnie à Madrid et Kylie MacLellan à Londres; Tangi Salaün et Arthur Connan pour le service français)