Giovanni Tria a dit qu'il était trop tôt pour parler du successeur de Mario Draghi dont le mandat expire fin octobre. Mais il ne semble pas partager l'aversion pour Jens Weidmann, artisan d'une stricte orthodoxie monétaire et ouvertement critique des gouvernements italiens successifs, exprimée par un membre influent de la coalition au pouvoir en Italie.

"Il n'y a pas de raison de focaliser notre attention sur les positions passées parce que le monde évolue et les idées de ses acteurs évoluent aussi", a déclaré le ministre italien à Reuters en réponse à une question concernant la candidature de Jens Weidmann, en marge du Forum économique mondial de Davos.

En 2012, le président de la Bundesbank avait été le seul décideur de la BCE à s'opposer à un mécanisme d'aide aux pays de la zone euro en difficulté par le biais d'achats de dette souveraine sous condition.

La simple évocation de ce mécanisme, qui n'a toujours pas été utilisé, avait étouffé les spéculations autour d'un risque d'éclatement de la zone euro et fait retomber la pression des marchés sur les pays lourdement endettés comme l'Italie.

Jens Weidmann a aussi critiqué le programme de 2.600 milliards d'euros de rachats d'obligations, crédité pour avoir permis au bloc d'échapper de justesse à la déflation en 2015.

Plus récemment, le président de la Bundesbank s'est montré sceptique sur les projets de budget de Giovanni Tria, après avoir fait la leçon à son prédécesseur sur la nécessité de consolidation budgétaire.

Claudio Borghi, conseiller économique du chef de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, a déclaré en juillet que la nomination de Jens Weidmann à la présidence de la BCE pourrait déboucher sur un éclatement de la zone euro.

Même si l'Italie n'a pas de droit de veto en la matière, les plus grands pays du bloc se mettent généralement d'accord sur un candidat et son opposition représenterait un obstacle majeur.

Le gouvernement allemand a dit souhaiter pour sa part que Jens Weidmann, dont le mandat expire en avril, exerce un nouveau mandat de huit ans à la tête de la Bundesbank.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, et Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, et Erkki Liikanen, ancien gouverneur de la banque centrale finlandaise, sont également dans la course à la succession de Mario Draghi.

Aucune discussion sérieuse sur le sujet n'est cependant à attendre avant l'issue des élections européennes de mai.

(Silvia Aloisi, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)