Selon l'Arabie saoudite et la Russie, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires sont parvenus à un quasi consensus sur une proposition de relèvement de la production d'environ un million de barils par jour (bpj), représentant environ 1% de l'offre mondiale.

L'Opep se réunit à Vienne pour faire le point sur sa politique de production alors que de grands consommateurs de brut comme les Etats-Unis, la Chine et l'Inde appellent à une baisse des prix de l'or noir afin de soutenir l'économie mondiale.

"Ce sera une réunion difficile aujourd'hui, je ne dirais pas que tous accepteront le million de bpj proposé", a déclaré un délégué de l'Opep, ajoutant que l'organisation pourrait finalement s'entendre sur un volume inférieur au million proposé.

L'Iran, troisième producteur de l'Opep, a jusqu'ici été le principal obstacle à un accord sur un relèvement de la production pétrolière, appelant le cartel à ne pas céder à la pression du président américain Donald Trump en faveur d'une hausse des extractions.

La Maison blanche a imposé de nouvelles sanctions contre l'Iran en mai et les experts estiment que la production iranienne diminuera d'un tiers d'ici la fin de l'année. Un accord sur une hausse des pompages ne serait donc d'aucune utilité pour Téhéran, à l'inverse de Ryad.

"Je ne pense pas que nous puissions parvenir à un accord", a déclaré jeudi le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh.

Le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, a déclaré que l'écrasante majorité des producteurs avaient recommandé d'augmenter la production d'un million de bpj, de manière progressive et au prorata.

Mercredi, le secrétaire général de l'Opep, Mohammad Barkindo, s'est montré optimiste sur la conclusion d'un accord, d'autant qu'une décision sur une hausse de la production pourrait être adoptée même sans la signature de l'Iran, comme cela s'est déjà produit à l'Opep.

Depuis l'année dernière, l'Opep et ses alliés ont signé un accord dit Opep+, visant à réduire la production cumulée des participants de 1,8 million de barils par jour (bpj) pour désengorger le marché mondial.

Cet accord a contribué à faire remonter le cours du Brent autour de 73 dollars le baril, contre 27 dollars en 2016.

Mais les perturbations survenues au Venezuela, en Libye et en Angola ont retiré du marché environ 2,8 millions de bpj ces derniers mois.

Le Brent s'échangeait à 73,91 dollars le baril, en hausse de 1,18% vers 09h00 GMT.

SANCTIONS AMÉRICAINES

Khalid al Falih a noté que le monde pourrait être confronté à un déficit d'approvisionnement pouvant atteindre 1,8 million de bpj dans la deuxième moitié de 2018 et que la responsabilité de l'Opep était de répondre aux inquiétudes des consommateurs.

"Nous voulons éviter la pénurie et la contraction que nous avons constatées en 2007-2008", a-t-il déclaré, faisant référence à la période où le baril était monté jusqu'à près de 150 dollars.

Au début de la semaine, Bijan Zanganeh a laissé entrevoir qu'un compromis était possible en suggérant que les membres de l'Opep qui avaient excessivement réduit leur production ces derniers mois reviennent aux quotas initialement prévus.

Cela se traduirait donc par une légère hausse de la production de pays comme l'Arabie saoudite qui ont réduit leurs pompages plus que prévu, en dépit des interruptions de production au Venezuela et en Libye.

Selon Bijan Zanganeh, si l'Opep revenait aux quotas initiaux, le cartel augmenterait sa production d'environ 460.000 bpj.

Khalid al Falih a également déclaré que la hausse réelle serait en dessous du supplément d'un million de bpj proposé, ce qui signifie qu'un compromis avec l'Iran reste toujours possible.

Des sources de l'Opep ont également déclaré que l'Iran avait exigé que les sanctions américaines figurent dans le communiqué final de l'organisation, car Téhéran considère que ces sanctions sont à l'origine de la récente hausse des cours du pétrole.

Les Etats-Unis, qui disputent à la Russie et l'Arabie Saoudite la place de premier producteur mondial de pétrole, ne participent pas à l'accord Opep+.

(Avec les contributions d'Ahmad Ghaddar, Ernest Scheyder et Vladimir Soldatkine; Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Rania El Gamal, Alex Lawler et Shadia Nasralla