par Robin Emmott
MUNICH, 18 février (Reuters) - La Russie est à l'origine d'informations erronées accusant des soldats allemands d'avoir commis un viol en Lituanie, a indiqué samedi un haut responsable de l'Otan, précisant que cette initiative russe visait à discréditer la nouvelle force de l'Alliance en Europe de l'Est aux yeux de l'opinion publique.
Petr Pavel, général tchèque qui dirige la commission militaire de l'Otan, a précisé qu'il espérait avoir prochainement un entretien téléphonique avec ses homologues russes pour la première fois depuis deux ans.
Il entend profiter de cette occasion pour leur expliquer pourquoi la plus importante mobilisation militaire des Alliés depuis la fin de la guerre froide ne constitue pas une menace pour la Russie.
Petr Pavel a expliqué que l'information selon laquelle des soldats parlant allemand avaient violé une adolescente de 15 ans dans une ville lituanienne proche d'une caserne "ne reposait pas sur des faits réels".
"Il s'agit clairement d'une fausse nouvelle et je pense que nous devons nous attendre à en avoir d'autres", a déclaré Pavel dans un entretien à Reuters, faisant état de conversations qu'il a eues avec les ministres allemand et lituanien de la Défense.
"La Russie est mécontente du déploiement de troupes de l'Otan près de ses frontières et elle va probablement utiliser des moyens légaux comme la propagande afin d'influencer l'opinion publique contre ce déploiement", a dit Pavel. "Cela va aller en se renforçant mais nous jouerons la transparence de manière constante".
Les agences de renseignement européennes estiment que Moscou cherche également à déstabiliser des gouvernements et à influencer des élections avec des attaques informatiques et des fausses informations.
Angela Merkel a indiqué samedi qu'elle souhaitait discuter de cette question avec la Russie mais a dit douter pouvoir résoudre le problème avant les élections prévues en Europe cette année.
La Russie a démenti la semaine passée s'ingérer dans l'élection présidentielle française.
Réagissant à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, l'Otan a commencé à renforcer sa présence militaire en Europe de l'Est avec le déploiement de troupes et d'équipements utilisables par une force de réaction rapide de 40.000 hommes.
Les premières troupes allemandes, un contingent d'un millier d'hommes, sont arrivées en Lituanie et seront suivies par des Britanniques qui dirigeront une force de dissuasion en Estonie en avril.
Le Canada va dépêcher des hommes en Lettonie et des soldats américains sont attendus en Pologne et dans les Etats baltes.
La Russie affirme que ces initiatives de l'Otan menace la stabilité en Europe centrale. Elle aurait environ 330.000 hommes stationnés autour de Moscou, selon les estimations de l'Alliance.
"Les populations de ces pays ont, à juste titre, peur de la poursuite de ce type d'événement", a ajouté Pavel à propos de la Crimée. "Elles demandent depuis des années une forme de protection visible".
(Pierre Sérisier pour le service français)