Lausanne (awp/ats) - Le procès de l'ancien directeur général (CEO) de Falcon Private Bank débute lundi devant le Tribunal pénal fédéral. Le dirigeant et l'établissement répondent de blanchiment aggravé en lien avec le scandale du fonds souverain malaisien 1MDB. C'est la première fois qu'une banque suisse répond de ses actes à Bellinzone.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) reproche à l'accusé, qui aura 65 ans en octobre, d'avoir transféré des fonds totalisant 133 millions d'euros vers des sociétés en Suisse et à l'étranger entre janvier 2012 et février 2016. En outre, 61 millions auraient été versés au profit de Khadem Al Qubaisi, qui présidait la banque.

Cet homme d'affaires émirati aurait utilisé cet argent pour acheter des voitures de luxe et des immeubles, notamment. Il est considéré par le MPC comme coauteur des malversations et fait l'objet d'une procédure séparée. La saisie de sa collection de bolides en 2018 à Genève avait fait grand bruit.

Milliards blanchis

L'acte d'accusation du MPC décrit par le menu les opérations menées par le CEO de Falcon Bank afin de blanchir des montants soustraits au fonds souverain malaisien 1MDB. Selon la procédure "d'enforcement" menée par l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) en 2016, un total de 3,8 milliards de dollars en lien avec 1MDB ont transité sur des comptes de la banque privée, souvent pour peu de temps.

Le MPC, comme la Finma, relève que des collaborateurs de Falcon se sont alarmés de ces transactions et des relations entretenues avec des personnalités politiquement exposées. Notamment avec Jho Low qui a amassé rapidement une fortune de 135 millions de dollars. Par la suite, ce golden boy malaisien a transféré 1,2 milliard sur ses comptes auprès de la banque.

La Finma enquête

L'accusé a ignoré les avertissements de ses subordonnés et a ordonné de procéder aux ordres, souligne le MPC dans son acte d'accusation. On estime que le fonds 1MDB a été délesté de plusieurs milliards de dollars au profit de ses dirigeants, d'hommes d'affaires proches du gouvernement malaisien ou d'officiels émiratis.

Comme son CEO, la Falcon Bank est également accusée de blanchiment aggravé. Le MPC lui reproche en particulier d'avoir violé son devoir d'établir un système efficace de contrôle interne. La banque entend contester ces charges devant la Cour des affaires pénales.

La Finma a procédé à des clarifications auprès de plusieurs banques suisses dans le cadre de l'affaire 1MDB. Outre la procédure menée à l'encontre de Falcon Private Bank, cinq banques ont également fait l'objet de procédures. Falcon et la Banque de la Suisse italienne (BSI) ont cessé leurs activités à la suite de ce scandale.

Le procès est agendé sur toute la semaine. Le verdict est annoncé pour le mardi 5 octobre.

ats/buc