ISTANBUL, 22 novembre (Reuters) - L'armée turque participe à
l'entraînement de combattants kurdes dans le nord de l'Irak et
fournira une assistance similaire à une unité de la Garde
nationale irakienne à Bagdad dans le cadre de la lutte contre
l'Etat islamique, indique un haut responsable turc, samedi.
Cette annonce intervient alors que le vice-président
américain Joe Biden mène des entretiens à Istanbul avec le
président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre Ahmet
Davutoglu pour examiner les moyens de réduire l'influence de
l'EI en Irak et en Syrie.
Cette entrevue n'a pas abouti à des changements majeurs dans
la stratégie observée par la Turquie et par les Etats-Unis mais
Joe Biden a indiqué avoir évoqué avec Erdogan la question d'une
transition politique en Syrie n'incluant pas Bachar al Assad,
qui est une demande essentielle du pouvoir turc.
"Sur la Syrie, nous avons discuté non seulement des moyens
de priver l'EI de repaires, de les faire refluer et de les
vaincre mais également d'un renforcement de l'opposition
syrienne et d'une transition n'incluant pas le régime Assad", a
dit Biden.
Membre de l'Otan, la Turquie possède 1.200 km de frontières
avec la Syrie et l'Irak mais refuse de servir de première ligne
dans la coalition sous commandement américain contre les
djihadistes.
Ankara fait face aux critiques qui l'accusent de laisser
transiter par son territoire des milliers de combattants qui
viennent grossir les rangs de l'EI. Le gouvernement turc voit
dans cette stratégie un moyen d'accélérer la chute de Bachar al
Assad.
Il fait valoir qu'il ne peut pas y avoir de paix tant que
Assad sera au pouvoir et que la Syrie doit suivre l'exemple de
l'Irak dont le nouveau Premier ministre Haïder al Abadi tente de
constituer une force cohérente pour combattre Daech.
Les militaires turcs conduisent depuis trois mois un
entraînement d'élite avec des peshmergas kurdes dans le nord de
l'Irak, a indiqué le général Hakgurd Hikmat, porte-parole des
combattants kurdes.
Une assistance de même nature va être fournie à la Garde
nationale irakienne, a dit un responsable turc.
"La Turquie a déjà entamé l'entraînement des forces
peshmergas dans le nord de l'Iran et nous avons un accord pour
entraîner et assister la Garde nationale", a déclaré ce
responsable.
Le Premier ministre irakien, Abadi, a annoncé en septembre
un projet de création d'une nouvelle unité de la Garde nationale
visant à incorporer des combattants locaux afin de permettre aux
provinces irakiennes d'assurer elles-mêmes leur sécurité face
aux djihadistes.
Joe Biden a également évoqué l'idée d'un accord visant à
entraîner et équiper les rebelles syriens modérés afin qu'ils
soient en mesure de combattre à la fois l'EI et les troupes
gouvernementales.
(Humeyra Pamuk and Dasha Afanasieva; Pierre Sérisier pour le
service français)
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