par Kanishka Singh et Nathan Layne

13 août (Reuters) - L'auteur d'origine indienne Salman Rushdie était toujours hospitalisé après avoir été poignardé vendredi lors d'une conférence organisée par la Chautauqua Institution dans l'État de New York.

Hadi Matar, l'homme suspecté d'avoir poignardé l'écrivain, a plaidé non coupable lorsqu'il a été présenté samedi devant un tribunal, a déclaré à Reuters son avocat commis d'office, Nathaniel Barone.

Une audience préliminaire doit se tenir vendredi, a-t-il indiqué.

Le procureur du comté de Chautauqua avait annoncé plus tôt dans la journée que Hadi Matar avait été inculpé d'agression et de tentative de meurtre et était maintenu en détention.

Salman Rushdie, qui est âgé de 75 ans, devait participer à une conférence sur la liberté artistique lorsque son agresseur s'est précipité sur la scène et a poignardé le romancier au cou et au torse.

Après plusieurs heures d'opération, Rushdie a été placé sous respirateur artificiel et était incapable de parler vendredi soir.

La police a déclaré vendredi qu'elle n'avait pas établi le motif de l'attaque.

Selon un examen préliminaire des comptes sur les réseaux sociaux appartenant à Hadi Matar, l'homme de 24 ans serait un sympathisant de l'extrémisme chiite et des gardiens de la révolution islamique d'Iran (IRGC), bien qu'aucun lien définitif n'ait été trouvé, selon NBC New York.

Les procureurs ont expliqué que l'attaque avait été préméditée, Hadi Matar ayant acheté un billet pour assister à la conférence, a rapporté le Times.

NBC New York a rapporté que des agents du FBI s'étaient rendus vendredi soir à la dernière adresse connue de Hadi Matar, à Fairview, un quartier du comté de Bergen situé juste en face de Manhattan, de l'autre côté de l'Hudson.

La police de New York a refusé de commenter cette information. La police du New Jersey n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

LA TÊTE DE SALMAN RUSHDIE MISE À PRIX

Le 14 février 1989, quelques mois après la publication du quatrième roman de Salman Rushdie, "Les Versets sataniques", l'ayatollah Khomeini, guide suprême de la Révolution iranienne, avait prononcé une fatwa (décret religieux) appelant les musulmans à tuer l'auteur pour ses écrits, contraignant l'écrivain britannique à vivre dans la clandestinité.

Le président américain Joe Biden a salué samedi les "idéaux universels" que représentent Salman Rushdie et ses écrits.

"Vérité. Courage. Résilience. La capacité de partager nos idées sans avoir peur", a écrit Joe Biden dans un communiqué. "Ce sont les fondements de toute société libre et ouverte."

L'agression a été condamnée par des écrivains et des hommes politiques du monde entier qui y voient une atteinte à la liberté d'expression.

Le gouvernement iranien n'a pas réagi officiellement à cette l'attaque contre Salman Rushdie, mais plusieurs journaux iraniens de la ligne dure ont félicité son agresseur.

Un responsable du Hezbollah a déclaré samedi à Reuters que le groupe armé libanais soutenu par l'Iran ne disposait d'aucune information supplémentaire sur l'attaque contre Salman Rushdie.

(Avec la contribution de Randi Love, Rami Ayyub, Ted Hesson et Timour Azhari; rédigé par Joseph Ax; version française Camille Raynaud)