L’économie japonaise s’est contractée pour la première fois en un an au cours du trimestre de mars, selon des données publiées vendredi, soulignant la fragilité de la reprise du pays, aujourd’hui menacée par les politiques commerciales du président américain Donald Trump.
Ces chiffres mettent en évidence le défi auquel les décideurs japonais sont confrontés, alors que de lourds droits de douane américains assombrissent les perspectives de cette économie fortement orientée vers l’exportation, en particulier pour le secteur automobile, pilier du pays.
Le produit intérieur brut (PIB) réel s’est contracté de 0,7 % en rythme annualisé entre janvier et mars, selon les données préliminaires du gouvernement, soit une baisse bien plus marquée que la prévision médiane du marché qui tablait sur une diminution de 0,2 %.
Ce repli fait suite à une hausse révisée de 2,4 % au trimestre précédent. En glissement trimestriel, l’économie s’est contractée de 0,2 % alors que les analystes anticipaient une baisse de 0,1 %.
La consommation privée, qui représente plus de la moitié de la production économique japonaise, est restée stable au premier trimestre, alors que le marché s’attendait à une progression de 0,1 %.
Les dépenses d’investissement ont, elles, augmenté de 1,4 % contre une prévision de 0,8 %, selon les données officielles.
La demande extérieure, c’est-à-dire les exportations nettes, a retranché 0,8 point de pourcentage à la croissance du PIB, montrent les chiffres. Les analystes interrogés par Reuters anticipaient une contribution négative de 0,6 point.
La guerre commerciale mondiale déclenchée par les droits de douane massifs imposés par Donald Trump a ébranlé les marchés financiers et compliqué la décision de la Banque du Japon (BOJ) sur le calendrier et l’ampleur d’une hausse des taux d’intérêt.
Après avoir tourné la page d’une décennie de relance l’an dernier, la BOJ a relevé ses taux à 0,5 % en janvier et a signalé sa volonté de poursuivre le resserrement monétaire si la reprise modérée de l’économie permet au Japon d’atteindre durablement son objectif d’inflation de 2 %.
Mais les craintes d’un ralentissement mondial provoqué par la politique de Donald Trump ont poussé la BOJ à réviser fortement à la baisse ses prévisions de croissance lors de sa réunion de politique monétaire des 30 avril et 1er mai, jetant le doute sur sa conviction que des hausses salariales soutenues stimuleront la consommation et l’économie au sens large.
Si l’apaisement des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine a offert un répit aux marchés et aux décideurs, l’incertitude demeure quant à la capacité du Japon à obtenir des exemptions aux droits de douane américains lors des négociations bilatérales avec Washington.
Ces chiffres moroses du PIB pourraient également accroître la pression sur le Premier ministre Shigeru Ishiba, appelé par les parlementaires à réduire les impôts ou à préparer un nouveau plan de relance.