(Répétition sans changement du bilan transmis vendredi après-midi)

* Le M&A a crû de 50% en France en 2017, +16% en Europe-Thomson Reuters

* La France a représenté environ 29% des transactions en Europe

* L'activité devrait rester soutenue en 2018-banquiers

par Matthieu Protard

PARIS, 29 décembre (Reuters) - Le marché des fusions et acquisitions (M&A) a signé en 2017 une année record à la faveur d'une économie européenne qui a confirmé sa reprise, et l'activité devrait encore rester soutenue en 2018 si la croissance se poursuit sur le Vieux Continent.

Le marché français s'est particulièrement illustré grâce au regain de confiance dans les milieux d'affaires avec la victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle en mai, qui a contribué à insuffler une nouvelle dynamique.

"2017 restera comme une année remarquable du fait du poids de la France dans le M&A européen", souligne Jérémie Marrache, coresponsable du M&A pour la France chez Goldman Sachs.

"L'année 2017 a été très dynamique avec une bonne diversité d’opérations 'cross-border', de consolidation domestique et de restructurations", relève de son côté Nicolas Desombre, codirecteur de la banque d'investissement de Citi en France.

"On observe un changement radical dans la perception de la France par les investisseurs étrangers et les entreprises françaises ont une vraie carte à jouer pour tirer profit de cette fenêtre de positivisme."

D'après les données de Thomson Reuters, les transactions de M&A ont bondi de 50% en 2017 pour atteindre 245,8 milliards de dollars (205 milliards d'euros) et signent ainsi le meilleur millésime des dix dernières années.

Les entreprises françaises se sont montrées offensives avec une hausse de 180% des acquisitions à l'étranger, comme l'illustre le rachat par Unibail-Rodamco de son concurrent australien Westfield.

DYNAMIQUE PANEUROPÉENNE

"Les grands groupes français sont de retour sur les opérations de M&A. Les entreprises veulent relever les défis des grandes mutations sectorielles, géographiques et digitales", analyse Guillaume Molinier, associé gérant chez Lazard. "Les réflexions stratégiques s'accélèrent. Avec des bilans assainis, les entreprises sont prêtes à passer à l'offensive."

"En plus des grandes transactions, on a assisté à une recrudescence d'opérations de taille intermédiaire souvent initiées par des entreprises qui avaient jusqu'à présent plutôt privilégié des stratégies plus traditionnelles de croissance organique", souligne Jérémie Marrache. "C'est un des faits marquants de l'année 2017."

De nombreuses transactions au sein même de l'Union européenne ont animé le marché, à l'image du rachat par l'allemand Siemens du français Alstom ou de l'acquisition du constructeur automobile allemand Opel par PSA .

En 2017, la France a d'ailleurs été le moteur de l'activité de M&A en Europe en totalisant près de 29% des transactions européennes, contre environ 15% habituellement. D'après les données de Thomson Reuters, le volume de transactions a crû de 16% en Europe tandis qu'il s'est contracté de 16% aux Etats-Unis.

"On sent une vraie dynamique paneuropéenne derrière l’émergence de champions européens et la mise en oeuvre de transactions transfrontalières en Europe", note Alexandre Courbon, responsable du M&A pour la France chez Société générale CIB. "L'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017 a clairement agi comme un catalyseur à cet égard."

"Avec les échéances politiques derrière nous, l’Europe devrait encourager la constitution de grands groupes par des rapprochements transfrontaliers", souligne pour sa part Emmanuel Regniez, codirecteur de la banque d'investissement de Citi en France.

DES FACTEURS DE VIGILANCE

Déjà favorisé par un contexte de taux d'intérêt historiquement bas qui permet des financements à moindres coûts, le marché du M&A profite aussi désormais d'un environnement économique plus porteur en Europe, et en particulier en France.

L'Insee a relevé en décembre sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2017 à 1,9% alors que l'économie française se traînait depuis trois ans autour de 1% de croissance.

L'optimisme des chefs d'entreprise français tout comme les investissements des ménages sont orientés à la hausse.

"Avec des conditions de financement qui restent favorables, une stabilisation des environnements macroéconomique et politique, tous les facteurs sont réunis pour inciter les entreprises à franchir le pas et acquérir des actifs pour compléter leur portefeuille", fait remarquer Jérémie Marrache (Goldman Sachs).

Dans ce contexte, les banquiers d'affaires s'attendent à ce que l'activité reste soutenue en 2018 en dépit de zones d'incertitudes, notamment géopolitiques avec les ambitions nucléaires et balistiques de la Corée du Nord.

"La tendance devrait se poursuivre même si certains facteurs appellent toutefois à la vigilance", déclare ainsi Guillaume Molinier (Lazard), citant notamment les réformes en cours aux Etats-Unis sur la fiscalité et la politique de santé, les négociations sur le Brexit ou encore la normalisation de la croissance économique en Chine.

Dans le palmarès établi par Thomson Reuters, Rothschild se maintient en tête des banques d'affaires en France, suivi de BNP Paribas et de Goldman Sachs.

* Le Brexit a stimulé les fusions entre entreprises britanniques

(Edité par Dominique Rodriguez)