* Fondateur de Pimco, Bill Gross rejoint Janus Capital

* Il est parti avant d'être limogé, dit une source

* Allianz a perdu plus de 6%, Janus a bondi de 43% à Wall Street (Actualisé avec la nomination du successeur de Bill Gross)

par Paritosh Bansal et Jennifer Ablan

NEW YORK, 26 septembre (Reuters) - Bill Gross, l'une des personnalités les plus influentes du marché mondial de la gestion obligataire, a démissionné vendredi de son poste chez Pimco, la société qu'il a fondée il y a plus de 40 ans, pour rejoindre Janus Capital Group, un concurrent bien plus modeste.

Ce départ surprenant, qui a secoué les marchés obligataires aux Etats-Unis et en Europe, a été annoncé alors que Pimco et sa maison mère Allianz prévoyaient de le licencier samedi, a déclaré à Reuters une source proche du dossier.

Bill Gross, qui occupait le poste de directeur des investissements de Pimco, était en désaccord avec le comité exécutif de la société et avait menacé de démissionner à de multiples reprises, a précisé cette source, ajoutant que le comité exécutif prévoyait d'accepter samedi sa dernière démission en date.

Dan Ivascyn, l'un des vice-directeurs des investissements de Pimco, a été nommé dans la soirée directeur des investissements en remplacement de Bill Gross.

"Pimco et Bill Gross sont des synonymes", a commenté Todd RosenbluthPTTRX.O, directeur de la recherche sur les fonds mutuels chez S&P Capital IQ. "Il sera extrêmement difficile d'imaginer que Pimco et Bill Gross sont séparés et il faudra du temps aux investisseurs pour réaliser qu'il ne jouera plus aucun rôle au sein de l'un des plus gros gestionnaires obligataires du monde."

Bill Gross, 70 ans, surnommé le "bond king", le "dieu de l'obligataire", pour ses prouesses en matière de gestion, a fait de Pimco, fondée en 1971, une société qui gère aujourd'hui plus de 2.000 milliards de dollars d'actifs.

Son départ marque le dernier épisode en date d'une année tumultueuse pour Pimco, marquée en janvier par la démission de Mohamed El-Erian, alors co-directeur des investissements. Ce départ avait été suivi de plusieurs semaines de controverse à distance entre les deux hommes.

UN CHOC POUR LE MARCHÉ OBLIGATAIRE

Mais surtout, le principal fonds de Pimco, le Pimco Total Return Fund, premier fonds obligataire du monde avec plus de 220 milliards de dollars d'actifs gérés, a subi près de 70 milliards de dollars de retraits sur les 16 derniers mois et ses performances sont inférieures à celles de nombreux fonds rivaux comme à celles du marché obligataire dans son ensemble.

Selon Vincent Lui, analyste chez Morningstar, le départ de Bill Gross pourrait conduire des investisseurs à retirer des centaines de milliards de dollars d'actifs de chez Allianz pour les placer chez Janus.

Par ailleurs, plusieurs médias ont rapporté ces derniers jours que les autorités de marché américaines enquêtaient sur Pimco et sur Bill Gross au sujet de la gestion d'un fonds indiciel (ETF).

L'enquête n'a pas de lien avec le départ de Bill Gross, a dit à Reuters une source proche du dossier.

L'action Allianz a terminé la journée en baisse de 6,18% à 128,20 euros après l'annonce du départ de Bill Gross. La nouvelle a aussi fait baisser les cours des emprunts d'Etat américains, espagnols et italiens entre autres.

Le titre Janus a en revanche gagné 43,02% à 15,89 dollars. L'arrivée de Bill Gross est en effet une aubaine inespérée pour le groupe, qui gère moins de 180 milliards de dollars d'actifs, un montant total inférieur à celui du seul Total Return Fund de Pimco.

Le directeur général de Janus, Richard Weil, est lui-même un ancien de Pimco, pour qui il a travaillé 15 ans.

Bill Gross gérera à partir de lundi le Janus Global Unconstrained Fund, a précisé son nouvel employeur. Créé en mai, ce fonds ne regroupe que 13 millions de dollars d'actifs.

Pimco a assuré dans un communiqué qu'il s'était préparé à gérer la succession de Bill Gross et qu'un nouveau directeur des investissements serait nommé très prochainement.

Mohamed El-Erian, qui travaille toujours pour Allianz, ne succédera pas à Bill Gross, a dit une source, ajoutant que le successeur de ce dernier devrait être choisi en interne. (avec Dan Burns et Luciana Lopez,; Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

Valeurs citées dans l'article : Allianz SE, Janus Capital Group Inc