WASHINGTON, 19 octobre (Reuters) - L'émissaire spécial américain pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, quitte ses fonctions, a fait savoir lundi le département d'Etat américain, moins de deux mois après le retrait chaotique des Etats-Unis du pays et la prise de pouvoir des taliban à Kaboul à l'issue d'une offensive éclair.

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a indiqué que Zalmay Khalilzad sera remplacé par son adjoint, Tom West, lequel va travailler étroitement avec l'ambassade américaine, relocalisée à Doha au Qatar, pour gérer les intérêts des Etats-Unis en Afghanistan.

Une personne au fait du dossier a déclaré, sous couvert d'anonymat, que Zalmay Khalilzad avait transmis sa démission vendredi.

La chaîne de télévision CNN a rapporté en premier lieu l'intention de Zalmay Khalilzad de quitter son poste.

Cette démission intervient à la suite de l'exclusion de Zalmay Khalilzad de la délégation américaine ayant mené les premières discussions formelles entre Washington et les taliban depuis la prise de pouvoir de ceux-ci, plus tôt ce mois-ci, à Doha.

Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès du haut diplomate.

En poste depuis 2018, Zalmay Khalilzad, né en Afghanistan, avait chapeauté les négociations avec les taliban ayant débouché, en février 2020, sur l'accord de retrait de l'armée américaine d'Afghanistan. Il était alors question que le mouvement islamiste négocie avec le gouvernement de l'ancien président Ashraf Ghani, soutenu par l'Occident, un accord politique destiné à mettre fin à des décennies de conflit.

Avant l'annonce du département d'Etat américain, d'actuels et d'anciens représentants américains avaient déclaré à Reuters que Zalmay Khalilzad était devenu le visage de l'un des plus grands échecs diplomatiques des Etats-Unis dans l'ère moderne.

S'exprimant sous couvert d'anonymat, ces représentants ont reproché au diplomate de carrière d'avoir donné l'ascendant aux taliban dans les négociations, d'avoir constamment sapé l'autorité du gouvernement afghan et d'avoir fait fi d'opinions divergentes dans les rangs de l'administration américaine.

(Reportage Patricia Zengerle, Humeyra Pamuk et Jonathan Landay à Washington; version française Jean Terzian)