PARIS (Reuters) - Londres exceptée, les principales Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi mais au-dessus de leurs plus bas du jour, les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis et les derniers développements du feuilleton de l'élection présidentielle américaine ayant atténué le repli lié à des prises de profit, logiques après cinq séances consécutives de hausse.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,46% (23,11 points) à 4.960,88 points et à Francfort, le Dax a reculé de 0,7%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,36%, le FTSEurofirst 300 0,2% et le Stoxx 600 0,2%.

A Londres, le FTSE 100 a grappillé 0,07%, grâce entre autres aux valeurs minières.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street avait effacé la quasi-totalité de ses pertes du début de séance: le Dow Jones ne cédait plus que 0,1% et le Standard & Poor's 500 était pratiquement inchangé tandis que le Nasdaq Composite ne reculait que de 0,25% contre -1,29% au plus bas de la matinée.

Ce dernier a gagné près de 9% sur les quatre séances précédentes et le Stoxx 600 affichait à la clôture de jeudi une progression de 7,4% en cinq séances, des performances qui justifiaient des prises de bénéfice, a fortiori avant le week-end.

Ce mouvement s'est toutefois atténué après les deux principales nouvelles de la journée: le chiffre supérieur aux attentes des créations d'emplois aux Etats-Unis en octobre (638.000 contre 600.000 attendues) et le passage en tête de Joe Biden dans le décompte des suffrages en Pennsylvanie comme en Géorgie, perçu comme un pas supplémentaire vers une victoire probable face à Donald Trump.

Cette hypothèse valide un peu plus le scénario désormais privilégié par les investisseurs d'une présidence démocrate et surtout d'un Congrès divisé, donc de réformes fiscales, budgétaires et réglementaires limitées.

Sur l'ensemble de la semaine, Wall Street devrait enregistrer ses meilleures performances depuis avril tandis que le Stoxx 600 et le CAC affichent des hausses respectives de 7,02% et 7,98%, les plus fortes depuis début juin.

VALEURS

Les plus fortes baisses sectorielles en Europe ont touché le compartiment automobile, dont l'indice Stoxx a cédé 1,71% sur la journée, et celui des banques (-0,96%), alors que celui des matières premières gagnait 1,99%, la faiblesse du dollar profitant aux cours des métaux de base comme le cuivre et l'aluminium.

Parmi les plus fortes baisses du Stoxx 600, Natixis a chuté de 8,39% après des résultats trimestriels jugés décevants, tandis que le groupe suisse de luxe Richemont gagnait 8,9% après avoir battu le consensus et annoncé un investissement avec le géant chinois Alibaba dans le site de vente en ligne Farfetch.

Le réassureur Scor (+5,25%) et l'assureur Allianz (+0,67%) ont eux aussi vu leurs résultats salués.

Lufthansa (-6,91%) a souffert des informations du Spiegel selon lesquelles la compagnie pourrait avoir de nouveau besoin d'une aide financière publique en 2021.

LES INDICATEURS DU JOUR

Avant la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, les marchés avaient pris acte d'une hausse moins soutenue qu'attendu de la production industrielle allemande en septembre (+1,6%), d'une hausse de 1,8% de l'emploi salarié en France au troisième trimestre et d'une diminution du déficit commercial français en septembre à 5,75 milliards d'euros.

CHANGES

Le dollar n'a que brièvement profité du chiffre meilleur qu'attendu des créations d'emplois aux Etats-Unis: il a ensuite creusé ses pertes face à un panier de devises de référence (-0,33%), contre lequel il a touché un plus bas de plus de deux mois et se dirige vers une baisse hebdomadaire de plus de 1,9%, la plus marquée depuis mars.

Ce recul s'explique en partie par les résultats des élections américaines, qui préfigurent une relance budgétaire limitée donc un possible assouplissement supplémentaire de la politique monétaire de la Réserve fédérale, perspective défavorable au billet vert.

L'euro en profite pour remonter vers 1,19 dollar, au plus haut depuis la mi-septembre.

TAUX

Les rendements obligataires de référence de la zone euro, qui étaient pratiquement inchangés à mi-séance, ont par la suite emboîté le pas à ceux des bons du Trésor américain après la publication des statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis.

Celui du Bund allemand à dix ans affiche ainsi sur la journée une hausse de 1,5 point de base à -0,618%, alors que celui des Treasuries de même échéance prend près de cinq points à 0,8252%.

PÉTROLE

La baisse du dollar ne profite pas au pétrole, qui souffre des craintes pour la demande liées à la deuxième vague de la pandémie et aux interrogations sur les conséquences des élections américaines.

Le Brent abandonne 2,79% à 39,79 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 3,2% à 37,55 dollars.

(Marc Angrand)