Tokyo (awp/afp) - Le colossal fonds de pension public japonais GPIF a renoncé à prêter des actions d'entreprises étrangères qu'il possède, en raison du "manque de transparence" de ce mécanisme servant notamment à la vente à découvert, une pratique très controversée.

Le système du prêt-emprunt de titres est courant sur les marchés financiers: il consiste pour un gérant d'actifs à prêter ses titres à un autre investisseur moyennant une commission.

Cependant, le système actuel "manque de transparence" sur l'identité de l'emprunteur final et de ses motivations, ce qui entre en contradiction avec les bonnes pratiques d'un investisseur de long terme, a estimé le GPIF dans un communiqué publié mardi.

Ce fonds gérant les retraites par capitalisation des fonctionnaires nippons, dont le portefeuille d'actifs totalise près de 161.800 milliards de yens (1.345 milliards d'euros), a ainsi décidé de "suspendre" ses prêts d'actions tant que les conditions de transparence de ce mécanisme ne seront pas remplies.

La vente à découvert est une pratique boursière très risquée et régulièrement critiquée car consistant à parier sur la baisse d'une action, alors que d'habitude les investisseurs tablent généralement sur la réussite d'une entreprise et donc sur la hausse de son cours.

Un vendeur à découvert cède à terme un actif qu'il ne possède pas le jour où la transaction est conclue, mais qu'il doit détenir le jour du règlement-livraison. Si la valeur de l'actif baisse entre ces deux dates, il réalise une plus-value.

Elon Musk, le patron du constructeur de véhicules électriques Tesla, dont l'action a déjà été victime par le passé de ces spéculateurs à la baisse, a salué sur Twitter la décision du GPIF: "Bravo, c'est la bonne chose à faire! La vente à découvert devrait être illégale".

Cependant le geste du GPIF pourrait rester symbolique, à moins d'être imité par d'autres grands gestionnaires d'actifs mondiaux.

Ses actifs en actions de groupes étrangers ne représentent que 1% de la valeur totale de l'indice boursier mondial MSCI World Index, a ainsi souligné dans une note Keiichi Ito, analyste chez SMBC Nikko Securities.

"Aussi nous pensons que cette mesure aura un impact relativement limité sur les actions à l'étranger", a ajouté M. Ito.

Par ailleurs, comme le GPIF excluait déjà auparavant de prêter ses actions d'entreprises japonaises, sa décision n'aura pas d'impact sur la Bourse de Tokyo, toujours selon cet analyste.

afp/ck