Nous avons évoqué à de nombreuses reprises dans nos colonnes la situation du danois. Par exemple, ici et . Celle de Vestas également il y a un peu plus longtemps mais qui reste d’actualité, ici. Depuis bien trop longtemps déjà, les actionnaires d’Orsted ne peuvent que constater qu’à chaque publication de résultats, à chaque analyse d’un broker et à chaque jet de pierre de Donald Trump et de son administration sur le sujet de l’éolien en mer, les perspectives du groupe s’assombrissent un peu plus.

Ces derniers trimestres, Orsted a enchaîné les dépréciations d’actifs. Près de 1,7 Md$ lors de la dernière publication (12,1 Mds DKK) et de bonnes raisons nous laissent penser que cela devrait se poursuivre lors de la présentation des chiffres, le 7 mai prochain.

En effet, la semaine dernière, Doug Burgum, le secrétaire américain de l’Intérieur, demandait l'arrêt immédiat d’Empire Wind, un parc éolien offshore au large des côtes de New York. La construction du projet, piloté par le pétrolier norvégien Equinor, a pourtant débuté en début de mois. Il devait être mis en service en 2027 avec une capacité de 0,8 GW, soit la moitié – à peu près – d’un réacteur nucléaire de type EPR. Orsted a aussi deux grands projets dans la région avec Sunrise, dont la capacité atteint 0,9 GW, et Revolution Wind avec 0,7 GW. Trump et son administration se sont montrés intransigeants face à l’éolien – autant terrestre qu’offshore – en affirmant que cette technologie est “nuisible à l’environnement” et est “trop coûteuse”.

Une autre problématique est à souligner. La semaine dernière également, l’équipe de Donald Trump a publié un décret visant à relancer l’industrie de la pêche commerciale aux États-Unis. Le problème est que le décret mentionne que la vente de zones de pêche états-uniennes à des entreprises éoliennes offshore étrangères est un problème et nuit à la domination mondiale du pays dans la pêche des produits de la mer.

Ces éléments n’ont fait que renforcer une pression déjà forte avec la politique tarifaire de la Maison-Blanche. Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium pourraient impacter les approvisionnements des groupes concernés.

La rentabilité des projets en question

Outre les problématiques des délais et de faisabilité des projets que ces ennuis peuvent apporter, il y a aussi les dépenses d’investissement qui devront sans doute être actualisées. Orsted avait budgété 6 M$ par mégawatt pour le projet Sunrise Wind en mars 2024. Les analystes de Jefferies estiment dans une note qu’avec les dépréciations passées, le coût du mégawatt serait passé à 6,6 M$. Ces calculs n’incluent pas les possibles effets des droits de douane.

L’ennui pour ces acteurs est que l’augmentation des dépenses d’investissement impacte négativement les TRI – taux de rentabilité interne – des projets. De nouvelles dépréciations dans les chiffres d’Orsted publiés le 7 mai prochain, dans la même ampleur que celles du trimestre précédent, auraient un impact de 100 points de base sur le TRI du cycle de vie.

Sensibilité de l'augmentation des dépenses d’investissement sur les TRI du projet Sunrise Wind de Orsted (source : Jefferies)