AIX-EN-PROVENCE, Bouches-du-Rhône, 19 mars (Reuters) - Le spécialiste français de sûreté aérienne Christophe Naudin, qui a participé à l’exfiltration de deux pilotes condamnés en République dominicaine dans l’affaire dite "Air cocaïne", a déclaré à la barre de la cour d'assises spéciale d'Aix-en-Provence avoir la certitude de leur innocence.

"On ne peut pas reprocher à l'équipage de ne pas avoir contrôlé les bagages. Ce n'est pas son travail, c'est la responsabilité du pays dans lequel il y a escale", a-t-il dit.

L'expert avait audité l’aéroport de Punta Cana (République dominicaine) en 2012 pour le compte de l'ancien président du pays. Il en a gardé le souvenir d'un "personnel corrompu".

L’affaire dite "Air Cocaïne" a débuté en mars 2013 avec l’interpellation sur le tarmac de cet aéroport de Pascal Fauret, de Bruno Odos et de deux autres Français dans un avion Falcon 50 à bord duquel avaient été embarqués près de 700 kilos de cocaïne dans 26 valises.

Les quatre hommes, qui ont toujours clamé leur innocence, ont été mis en examen en mai 2013 par la justice française pour "importation de produits stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs".

Les deux pilotes ont été condamnés par la justice dominicaine à 20 ans de prison pour trafic de drogue. Placés en résidence surveillée, ils ont été exfiltrés en octobre 2015 par un mystérieux commando, auquel a participé le criminologue.

Christophe Naudin a été arrêté en Egypte le 4 février 2016 et extradé en République dominicaine un mois plus tard.

Il a été condamné pour cette complicité d’évasion à cinq ans de prison en 2017 par la justice dominicaine, une peine qu’il a été autorisé à purger en France. Il a été libéré le 12 mai 2018 pour raison de santé.

Christophe Naudin déclare avoir payé un engagement qu'il a dit ne pas regretter. "Ils sont là, en France, et peuvent se défendre", a-t-il affirmé en montrant les anciens pilotes de chasse aujourd'hui dans le box des accusés.

Les prévenus encourent une peine de prison maximale de 30 ans dans ce procès programmé jusqu'au 5 avril. (Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)