Washington (awp/afp) - La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis n'a jamais semblé aussi proche, Pékin se montrant inflexible vendredi face à la dernière offensive de Donald Trump qui menace de tripler les taxes sur les importations chinoises.

La Chine se battra avec force et "détermination" si les Etats-Unis publiaient une nouvelle liste de taxes sur les importations chinoises, a averti vendredi le porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères.

"Cela nuit aux intérêts vitaux de la Chine et nuit encore davantage aux intérêts communs de l'économie mondiale", a-t-il déclaré. "Confrontés à une telle situation, nous devons nous battre avec détermination", a-t-il justifié.

Le conseiller économique du président américain, Larry Kudlow, a rétorqué que la menace d'imposer des tarifs sur 150 milliards de dollars d'importations chinoises n'était pas une simple posture de négociation mais que la Maison Blanche attendait des changements effectifs de la part de Pékin. "Trump m'a assuré qu'il n'utilisait pas les taxes comme une carte de négociation", a-t-il déclaré.

Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a en outre reconnu qu'"il y a une probabilité qu'une guerre commerciale ait lieu".

Donald Trump avait demandé jeudi "au ministère du Commerce d'examiner si 100 milliards de dollars supplémentaires de tarifs douaniers seraient adaptés en application de l'article 301 (invoqué dans ce cas précis pour protéger les droits de propriété intellectuelle américains), et, dans ce cas, d'identifier les produits sur lesquels ils pourraient être imposés".

Ces nouveaux tarifs s'ajouteraient aux quelque 50 milliards de dollars de taxes déjà brandies le 3 avril par Washington.

"Si les Etats-Unis ignorent l'opposition de la Chine et de la communauté internationale et persistent dans leurs mesures unilatérales et protectionnistes, la Chine est prête à aller jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix", a insisté Pékin.

- "Pas sans peine" -

"Je ne dis pas que cela se fera sans peine", a admis Donald Trump à une radio locale de New York, déterminé à réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec le géant asiatique (375,2 milliards de dollars en 2017) qu'il impute aux pratiques commerciales jugées "déloyales" de Pékin et exigeant un commerce réciproque.

Pour le moment, le géant asiatique achète 130 milliards de marchandises américaines quand Washington importe pour 500 milliards de biens chinois. "Ce n'est pas un commerce libre et équitable", a martelé Steven Mnuchin.

Pour autant, pour ménager Wall Street qui a accéléré son repli vendredi et perdu 2,3%, le secrétaire au Trésor a souligné que les Etats-Unis étaient "tout à fait disposés à négocier" et rappelé qu'aucune menace n'était pour l'heure effective puisque les taxes proposées sont soumises à une période de consultation qui peut durer deux mois.

"Nous espérons que tout cela finira bien", avait déclaré plus tôt Larry Kudlow.

- Appel chinois au ralliement -

La Chine s'efforce, de son côté, de rallier à sa cause l'Union européenne, qui se trouve également sous la pression de Washington sur le dossier de l'acier et de l'aluminium.

"La Chine et l'UE ont pour responsabilité de faire respecter l'ordre commercial multilatéral basé sur des règles (...) nous devons agir ensemble", a affirmé l'ambassadeur chinois auprès de l'UE, Zhang Ming dans le sillage de Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, qui, en visite à Moscou jeudi, avait déjà appelé à la mobilisation internationale contre Washington.

Contrairement à la Chine, les 28 états membres de l'UE ont pour le moment été exemptés des 25% de taxes sur leurs exportations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium à destination des Etats-Unis, tarifs promulgués le 8 mars.

Pékin a en outre décidé de jouer la carte de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en formulant une nouvelle plainte contre "les mesures tarifaires visant des produits chinois" que les Etats-Unis entendent mettre en place.

Cette mesure a suscité l'agacement du président américain qui a incriminé cette instance internationale, "injuste avec les Etats-Unis". Selon lui, la Chine y bénéficie au contraire d'un traitement de faveur en raison de son statut "de pays en voie de développement".

Avant de saisir l'OMC, Pékin avait déjà fait preuve de fermeté en répliquant à Washington avec une liste visant des produits américains stratégiques dont le soja, l'automobile et l'aéronautique

Pékin a enfin pris soin d'établir une liste de produits à taxer pour frapper le plus durement possible des régions qui ont voté en faveur de Donald Trump, ont observé des experts. Une manière d'exercer un maximum de pression sur Donald Trump avant les élections de mi-mandat prévues le 6 novembre.

afp/al