Les marchés actions ont poursuivi leur parcours cyclothymique hier en rendant une copie à peu près inverse de celle de la fin de semaine précédente. Dans un océan de vert, c'est le Nasdaq 100 qui a perdu du terrain, environ -0,7%, après avoir tenu la dragée haute aux autres indices sur les séances antérieures. Le Dow Jones a repris 0,6%, après que l'Europe eut clôturé en vive hausse, sur des gains de plus de 1% à Paris, Francfort et Zurich et à peine moins à Londres. Dans le même temps, les rendements obligataires américains ont progressé, le dollar a reculé, l'or aussi. Et en parallèle, le pétrole a bondi et les cryptomonnaies sont tombées. Jetons un coup d'œil à la mécanique à l'œuvre derrière ces mouvements pas toujours bien clairs.

Premier élément, il y a eu une indéniable détente sur le front de la crise bancaire. Le rachat des actifs de la Silicon Valley Bank (filiale de feue-SVB Financial) par First Citizens a contribué à améliorer le niveau de confiance. Histoire de rester un peu dans le délire spéculatif, l'action de First Citizens a pris 54% dans la foulée, mais disons que cette partie de l'incendie commence à être fixée. Même les tricards du genre First Republic et Comerica ont rebondi, respectivement de 12% et de 5%. En Europe, les banques avaient aussi respiré hier, à l'image du nouveau-ex vilain petit canard, la Deutsche Bank, qui a repris 6%. Ne nous leurrons pas, ce genre de foutoir ne se règle pas en trois semaines. Mais la stabilité et la confiance jouent un rôle majeur dans le processus, donc la jauge des indécrottables optimistes a gagné quelques points face aux sempiternels prophètes de malheur. Cette jauge a aussi été renforcée par la publication dès lundi du discours que le vice-président de la Fed, Michael Barr, doit prononcer devant les parlementaires américains aujourd'hui. Il y explique notamment que les institutions font le nécessaire pour garantir les dépôts dans le pays. En même temps, on le voyait mal déclarer qu'à partir de maintenant, c'est chacun pour soi et qu'il préfère aller chasser le bigfoot et immoler des chatons plutôt que d'assurer la stabilité financière. Mais ça va mieux en le disant.

Le rebond des banques a coïncidé avec une forte reprise du pétrole, qui a tiré vers le haut les actions du secteur de l'énergie. Les traders évoquent le débouclage des stratégies en fin de mois, après une phase de correction, qui entraîne une reprise technique. Faute de meilleure explication, celle-ci est peut-être valable. En parallèle, la réduction de la prime de risque a fait s'effriter les valeurs-refuge, comme le dollar et l'or.

Venons-en maintenant aux deux mouvements qui peuvent paraître divergents dans ce contexte de détente. L'accès de faiblesse des cryptomonnaies est plutôt facile à justifier : la CFTC, qui n'est pas un "syndicat constructif" aux Etats-Unis mais l'organisme de supervision des produits dérivés, a déposé une plainte contre Binance, en demandant l'interdiction de commercialisation de certains produits par la plateforme. Le régulateur accuse la société et son patron, Changpeng Zhao, d'avoir mis en place un système pour contourner les règles de conformité, ce qui est très vilain. Les autorités américaines, dépassées par l'agilité du secteur, passent donc à l'offensive. Elles promettent d'ailleurs d'autres initiatives.

Mais ce qui nous intéresse le plus ce matin, c'est la remontée des rendements obligataires américains, qui a pesé sur le parcours des actions technologiques. Je rappelle ici que l'accès à des conditions de financement abondantes et bon marché est l'un des principaux moteurs de la progression des actions de croissance. Quand les taux montent, le Nasdaq souffre (-30% l'année dernière alors que la Fed alignait les tours de vis). La remontée des rendements a coïncidé avec une vague d'appels à la prudence sur la trajectoire de la politique monétaire, en provenance de quelques sommités. Le chef de la stratégie de JPMorgan Chase pense que les actions sont actuellement au plus haut de l'année. Son collègue de chez Morgan Stanley n'est pas plus optimiste quand il attend une vague de révision en baisse des prévisions de résultats. Chez BlackRock, on pense que les investisseurs se fourrent le doigt dans l'œil bien profond en imaginant que la Fed va baisser ses taux dans un avenir proche. Enfin sauf si la crise bancaire se durcit et que la spirale des "événements crédit" devient incontrôlable. "Evénement crédit", c'est le terme élégant pour dire "faillite". Bref, un peu de retour sur terre qui a pesé sur le Nasdaq, qui affichait jusqu'à hier je vous le rappelle une surperformance de 10% par rapport au Stoxx Europe 600 sur le seul mois de mars.

Parmi les rendez-vous du jour, Christine Lagarde doit prononcer un discours à 15h15 lors d'une inauguration à Francfort, dont elle pourrait se servir pour faire passer des messages (probablement sur la stabilité financière). Il y aura aussi une brochette de statistiques macroéconomiques aux Etats-Unis, et donc l'intervention dont le contenu est déjà connu de Michael Barr au Capitole. Quant à la séquence autopromo, notez que les abonnés de Zonebourse amateurs d'options ont rendez-vous avec l'excellent Patrick Rejaunier à 11h00 pour un webinaire pédagogique.

Les marchés asiatiques sont attentisto-positifs ce matin, avec un Nikkei qui grappille 0,02% au Japon et un CSI 300 à +0,03% en Chine. Hong Kong et Séoul, qui gagnent 0,7%, sont plus fringants. En Océanie, le rebond des banques et des matières premières profite à l'ASX200 australien, qui reprend 1%. Les indicateurs avancés européens sont haussiers. Le CAC40 gagne 0,9% à 7140 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Quatre indicateurs aux Etats-Unis aujourd'hui : les stocks des grossistes (14h30), l'indice FHFA du prix des maisons (15h00) puis les indices de confiance des consommateurs du Conference Board et manufacturier de la Fed de Richmond (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0815 USD. L'once d'or perd du terrain, autour de 1960 USD. Le pétrole se renforce, avec un Brent de Mer du Nord à 77,42 USD le baril et un brut léger américain WTI à 72,77 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans rebondit à 3,51%. Le bitcoin évolue autour de 27 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Actia : Portzamparc passe de renforcer à conserver en visant 4,70 EUR
  • Antin : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 19,30 EUR.
  • Boiron : Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 54 à 52 EUR.
  • Boohoo : Peel Hunt passe d'accumuler à acheter.
  • Centamin : Liberum reprend le suivi à vendre en visant 94 GBp.
  • Demant : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 218 DKK.
  • Inficon : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1166 à 1222 CHF.
  • Nordex : Exane BNP Paribas reprend le suivi à neutre en visant 13 EUR.
  • Novartis : Deutsche Bank passe de vendre à conserver en visant 80 CHF.
  • Orsted : Oddo BHF passe de neutre à sousperformance en visant 580 DKK.
  • Peach Property : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 14 CHF.
  • Polypeptide : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 28 à 21 CHF.
  • Prodways : Portzamparc reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3 à 2,80 EUR.
  • QT Group : Inderes passe d'alléger à accumuler en visant 72 EUR.
  • Quadient : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 36 à 28 EUR.
  • Solvay : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 163 à 167 EUR.
  • VAT Group : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 405 CHF.
  • Verbund : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 100 EUR.
  • Zalando : HSBC passe de conserver à acheter en visant 45 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Quadient : les bénéfices se contractent sur l'effet des dépréciations. L'objectif de croissance organique de l'EBIT est fixé à 10% cette année.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Société Générale se retire du projet controversé Rio Grande LNG.
  • Des actionnaires institutionnels d'Engie veulent des précisions et vote régulier sur son plan climat.
  • Alstom va fournir un système de signalisation au projet d'extension de Lantau à Hong Kong.
  • René Fáber est nommé directeur général de Sartorius Stedim Biotech.
  • Accor propose de renouveler le mandat de Sébastien Bazin le 17 mai.
  • Deux nominations au comité exécutif de Mersen.
  • Erold lance une OCA avec DPS.
  • Molen (Precia) annonce l'acquisition de Tess Assured.
  • Les actions Aures Technologies seront transférées le 29 mars sur Euronext Growth.
  • Ecomiam lance des recettes cuisinées surgelées.
  • Wallix signe une alliance technologique avec Kleverware pour renforcer la sécurité du cloud.
  • Le petit coin de la dilution : Boostheat émet de nouvelles ORA et espère une prolongation de sa période d'observation lors d'une audience au TC de Lyon le 29 mars. Le torchon brûle entre Atlas et Adomos.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Prodways, AST Groupe, Actia, Balyo

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Ocado : les prévisions sont confirmées après le T1 fiscal.
  • Pierer Mobility : le bénéfice 2022 est en hausse.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Liontown Resources repousse l'offre à 2,50 AUD par action d'Albemarle.
  • Walt Disney a lancé la première phase de son plan de licenciement, portant sur 7000 suppressions de postes, en supprimant au passage sa division métavers.
  • La FDIC ouvre des enquêtes sur la conduite du management dans les faillites de SVB Financial et Signature Bank.
  • Berkshire Hathaway monte à 23,6% d'Occidental Petroleum.
  • Binance et CZ poursuivies par la CFTC pour des violations réglementaires.
  • Le médicament oncologique Jemperli de GSK a affiché des résultats intérimaires positifs pour la phase III du cancer de l'endomètre, dont les résultats principaux ont déjà été publiés en décembre 2022.
  • Amazon commence à avertir ses clients qui retournent fréquemment des articles, selon The Information.
  • Flutter a indiqué que la résolution de cotation additionnelle aux Etats-Unis bénéficie d'un fort soutien en vue de l'AG du 27 avril.
  • Les rumeurs de rachat de Temenos continuent à tourner, mais sur la base de prix plus faible qu'escompté, 95 à 100 CHF.
  • Sanlorenzo acquiert 49% de Sea Energy pour près de 3 M€.
  • British Airways (International Consolidated Airlines) annule plusieurs centaines de vols en prévision d'une grève à Heathrow.
  • Une nouvelle présidente, Anne Bouverot, chez Cellnex.
  • William Hill (888 Holdings) condamné à une amende de 19,2 M£ pour des défaillances généralisées dans le domaine des jeux d'argent.
  • CMC Markets a perdu 20% hier sur fond de conditions de marché difficiles.
  • David Risher prend les commandes de Lyft.
  • Les créanciers de Cineworld prévoient un remaniement de la direction pour répondre à l'intérêt des repreneurs.
  • Les principales publications du jour : BYD, Nongfu, Micron, Lululemon, Walgreens Boots, McCormick, United Utilities, Rational AG, Ocado, NordexTout l'agenda ici.

Lectures