Eurostat, l'institut de la statistique de l'Union européenne, a fait état d'une chute de 1,7% en novembre de la production industrielle des 19 pays ayant choisi la monnaie unique, après une hausse de 0,1% en octobre et un recul de 0,6% en septembre.

Le chiffre de novembre est le plus mauvais enregistré depuis février 2016, mois durant lequel la production industrielle avait chuté de 2,1%.

Sur un an, le recul de la production industrielle atteint 3,3%.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une baisse de 1,5% en novembre par rapport au mois précédent et de 2,3% sur un an.

La production de biens d'équipement a diminué de 2,3% en novembre, celle de biens de consommation durable (comme l'électroménager) de 1,7% et celle de biens de consommation non-durables (comme l'habillement) de 1,0%, son troisième mois de repli consécutif. La production d'énergie a baissé parallèlement de 0,6%.

Bien qu'inférieurs aux attentes, ces chiffres ne constituent pas réellement une surprise, les trois principales économies du bloc ayant annoncé récemment des reculs marqués de la production, de 1,9% en Allemagne, de 1,3% en France et de 1,6% en Italie.

LA CROISSANCE POURRAIT AVOIR RALENTI AU QUATRIÈME TRIMESTRE

De nombreux économistes s'attendent à ce que la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro soit restée faible au quatrième trimestre après celle de 0,2% seulement enregistrée au troisième, un chiffre divisé par deux par rapport à avril-juin.

"Les chiffres d'aujourd'hui dans leur semble confortent la révision à la baisse de notre prévision pour le PIB du quatrième trimestre à 0,2% contre 0,3% attendu auparavant. En fait, ils soulignent les risques de voir (la croissance) tomber à 0,1%", écrivent ainsi ceux de la banque britannique Barclays.

"Au-delà du quatrième trimestre, les risques à la baisse liés au commerce mondial, au ralentissement en Chine, à l'Italie et au Brexit persistent, tandis que les mouvements sociaux en France ont déjà pesé sur l'activité et pourraient continuer à le faire."

Pour Matt Cairns, responsable de stratégie de taux chez Rabobank, les signes de ralentissement économique dans la zone euro contribuent à la baisse des rendements des emprunts d'Etat.

"Le débat sur l'opportunité d'allégements fiscaux pour soutenir l'économie allemande joue également", dit-il. "La possibilité pour la Banque centrale européenne (BCE) de faire remonter les taux (...) est vraiment en train de chuter."

Des députés la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel, réuni ce week-end ont débattu entre autres de la possibilité d'allègements d'impôts à la fin de cette année pour éviter une crise économique, une hypothèse également évoquée récemment par le ministre des Finances Olaf Scholz.

Sur le marché des emprunts d'Etat, le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, perdait autour de deux points de base lundi à 0,22%.

(Francesco Guarascio, avec Virginia Furness à Londres; Marc Angrand pour le service français, édité par Patrick Vignal)