Londres (awp/afp) - L'inflation a légèrement ralenti au Royaume-Uni en septembre, à 3,1% sur un an, mais reste très élevée après une poussée record en août à 3,2%, son plus haut niveau depuis 2012.

La Banque d'Angleterre (BoE) s'est inquiétée à plusieurs reprises de ce haut niveau d'inflation, conduisant les investisseurs cette semaine à tabler sur une hausse des taux d'intérêt rapide et forte au Royaume-Uni, qui pourrait intervenir dès la prochaine réunion en novembre.

D'après l'Office national des Statistiques qui publie ces données mercredi, ce léger recul en septembre s'explique par un ralentissement des prix dans l'hôtellerie-restauration, qui avaient connu un rebond un an plus tôt, en septembre 2020.

Les restaurants avaient bénéficié à la fin de l'été 2020 du programme "Eat out to help out" qui subventionnait une partie des repas et qui avait conduit à "une reprise des prix" dans ce secteur, selon l'ONS.

Mais "le coût des matières premières et du transport routier ont continué d'augmenter, tandis que les pressions sur le secteur hôtelier et sur les salaires en général pourraient également augmenter", selon Richard Hunter, analyste chez Interactive Investors.

La hausse des prix pourrait dépasser 4% avant la fin de l'année, selon les économistes de la BoE.

La reprise de l'économie britannique a ralenti en septembre, selon l'indice PMI Flash composite du cabinet IHS Markit, alimentant les craintes de "stagflation" (stagnation du PIB et inflation élevée).

"Éviter le mauvais rêve de la stagflation reste la priorité", estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown, pour qui le ralentissement de l'économie est lié aux "problèmes de chaîne d'approvisionnement, de pénuries de main-d'oeuvre et de flambées des prix de l'énergie".

"Mais même si la Banque d'Angleterre relève son taux de base de quelques crans dans les mois à venir, il n'est pas prévu qu'elle aille bien au-delà de 1% l'année prochaine", selon elle, car l'institution "estime toujours que l'inflation est transitoire".

"La baisse surprise de l'inflation (en septembre) montre à quel point elle peut être volatile sur de courtes périodes", a commenté Laith Khalaf, analyste chez AJ Bell.

"L'inflation va encore empirer avant de s'améliorer", selon elle, alors que les chiffres n'intègrent pas encore la flambée des prix de l'énergie ou les récentes pénuries d'essence qui ont frappé le Royaume-Uni.

Les prix du carburant à la pompe pourraient atteindre dans les jours qui viennent un sommet en près de dix ans, a averti mercredi l'association des stations-service britanniques PRA dans un communiqué.

"Les records de prix à la pompe de 142 pence par litre pour l'essence et de 148 pence par litre pour le diesel, datant d'avril 2012, seront presque certainement dépassés avant la fin octobre", a-t-elle dit.

La crise d'approvisionnement au Royaume-Uni entraîne une "inflation terrifiante" qui menace les plus pauvres, a dénoncé mardi lors d'une audition parlementaire Ian Wright, le patron de la fédération britannique des industries alimentaires (FDF).

Le Chancelier de l'Echiquier Rishi Sunak a rappelé mercredi que le gouvernement avait annoncé un soutien de 500 millions de livres aux ménages les plus modestes pour faire face aux prix de l'énergie cet hiver.

afp/rp