Selon les données publiées mercredi par l’Office national des statistiques (ONS), les prix à la consommation ont augmenté de 3,5% en rythme annuel le mois dernier, contre 2,6% en mars. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis janvier 2024 et de la plus forte hausse du taux d’inflation depuis 2022, début de la vague d’inflation.

"Awful April"

Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une inflation de 3,3% pour avril. En version core – hors alimentation et énergie - la hausse est de 3.8% en avril contre 3.6% attendu.

Source : Office national des statistiques, Trading economics

Cette mauvaise surprise s’explique notamment par la hausse d’un certain nombre de prix (administrés gaz, électricité, eau) ainsi que l’alourdissement de la fiscalité sur les employeurs.

D’autres éléments techniques ont eu un impact. L’ONS a notamment souligné l’effet calendaire du week-end de Pâques, tombé en avril cette année, qui aurait contribué à une flambée des tarifs aériens, en hausse de 27,5% sur un mois. Il s’agit de la deuxième plus forte progression mensuelle jamais enregistrée dans ce secteur.

L’inflation des services – indicateur clé de la pression inflationniste intérieure – s’est envolée à 5,4%, bien au-delà de la prévision médiane du sondage Reuters à 4,8%. C’est cette métrique qui est clé pour la Banque d’Angleterre, et qui conditionne les baisses de taux.

Néanmoins, plusieurs composantes clés de l’inflation des services – comme les cafés/restaurants, les services médicaux et le logement – sont en baisse sur un an, ce qui peut laisser espérer un reflux dans les prochains mois.

Prudence pour la Banque d’Angleterre

Le chiffre du jour est donc surtout le reflet d’éléments exceptionnels, mais pourrait néanmoins renforcer la position de certains membres de la BoE qui s’inquiètent des effets durables de cette dynamique sur le comportement des entreprises en matière de prix.

La dernière réunion de la Banque d’Angleterre avait déjà montré une division importante. Si une baisse d’un quart de point avait été décidée, deux membres avaient plaidé pour une baisse de 50 points de base, tandis que deux autres s’étaient prononcés pour un statut quo.

Ainsi, le chef économiste de la Banque, Huw Pill, a estimé mardi que le rythme des baisses de taux avait été trop rapide au regard de la vigueur persistante des hausses salariales. Il a toutefois qualifié son vote de ce mois en faveur du statu quo monétaire de "pause" plutôt que de véritable arrêt dans le cycle d’assouplissement.

Après la publication de cette statistique, les marchés n’anticipent plus qu’une seule baisse de taux supplémentaire en 2025 – contre trois à l’issue de la dernière réunion de la BoE début mai - et la livre a touché un plus haut de trois ans face au dollar.