Londres (awp/afp) - L'inflation pourrait "nettement" dépasser 5% au Royaume-Uni en avril, entraînée par les prix énergétiques, bien au-delà de l'objectif de l'institut monétaire, a estimé lundi Ben Broadbent, gouverneur adjoint de la Banque d'Angleterre (BoE).

La BoE, qui se réunira la semaine prochaine pour décider de relever, ou non, son taux directeur, pour l'instant à un niveau historiquement bas, tablait jusqu'à présent sur un pic à 5%.

"Il y a de fortes chances que l'inflation dépasse nettement 5% quand le plafond des tarifs fixés par Ofgem (le régulateur britannique de l'énergie) va être ajusté en avril", a précisé M. Broadbent lors d'un discours à l'Université de Leeds.

L'inflation britannique avait déjà atteint un record en dix ans en octobre, à 4,2% sur un an, selon les dernières données officielles en date, à cause d'un bond des prix de l'énergie.

Mais la hausse des prix du gaz et de l'électricité sur le marché européen devrait continuer de faire grimper les factures pour les consommateurs, estime M. Broadbent, qui est chargé de la politique monétaire au sein de l'institut.

Le prix du pétrole de Brent, référence européenne, évoluait à 50 dollars le baril il y a un an et est grimpé jusqu'à plus de 85 dollars fin octobre. Mais depuis, il a reculé et s'échange pour autour de 70 dollars.

Le prix du gaz naturel, qui occupe une part particulièrement importante dans le bouquet énergétique du Royaume-Uni, a de son côté quintuplé environ sur un an.

Si certains observateurs appellent la BoE à agir en resserrant sa politique monétaire pour empêcher un emballement incontrôlé de l'inflation, M. Broadbent a adopté une position plus mesurée.

"Il y a encore de bonnes raisons de penser que cette inflation rapide dans les biens négociables va s'estomper et dans certains cas s'inverser, avant qu'une décision de politique monétaire prise maintenant ne puisse l'affecter", a-t-il commenté.

M. Broadbent prend l'exemple des prix du pétrole, dont les pics "ont tendance à se dissiper d'eux-mêmes après à peu près une année".

La politique monétaire pourrait par ailleurs être affectée par la propagation du nouveau variant du Covid-19 Omicron, qui pourrait peser sur l'économie et pousser les banques centrales à garder des taux bas.

Lors d'une session de questions-réponses après son discours, M. Broadbent a refusé de s'avancer la décision qui serait prise par la BoE la semaine prochaine ou sur son vote sur le sujet.

Vendredi, un autre membre du comité monétaire de la BoE, Michael Saunders, avait estimé que "le variant Omicron pouvait rendre particulièrement utile d'attendre" avant de remonter les taux "pour avoir plus d'informations sur les conséquences pour la politique sanitaire et donc sur l'économie".

Il a toutefois précisé qu'"attendre avait également un prix".

En novembre, M. Saunders avait été un des deux seuls membres du comité de neuf personnes à voter pour un relèvement des taux et la BoE dans son ensemble avait opté pour le maintien de sa politique monétaire très accommodante.

afp/rp