FRANCFORT, 2 décembre (Reuters) - L'inflation élevée dans la zone euro reste temporaire, ont déclaré jeudi deux responsables de la Banque centrale européenne (BCE), prenant le contre-pied de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, qui a renoncé à employer le terme "transitoire" pour décrire la hausse des prix.

Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté l'euro ont augmenté en novembre de 4,9% sur un an, du jamais vu depuis le début de la statistique il y a 25 ans, a montré mardi la première estimation d'Eurostat.

La BCE estime cependant, depuis plusieurs mois, que cette hausse, alimentée notamment par la flambée des prix de l'énergie, devrait s'estomper d'elle-même et n'a rien de durable.

"La flambée de l'inflation actuelle est temporaire et largement due à des facteurs liés à l'approvisionnement", a déclaré lors d'une conférence à Francfort Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE.

"Les banques centrales devraient faire preuve de patience pour examiner ces effets et expliquer leurs politiques au citoyen."

Certains responsables politiques et des économistes estiment cependant que mêmes temporaires, la hausse des prix pourrait s'accompagner d'une augmentation des salaires et faire remonter l'inflation de base.

Olli Rehn, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, partage le point de vue de Fabio Panetta et a utilisé à son tour le terme "transitoire" pour décrire l'inflation dans le bloc communautaire.

"Je reconnais que l'expérience au niveau microéconomique de nos citoyens devant la pompe à essence est assez différente de la lecture macro des économistes et des banquiers centraux", a-t-il déclaré au cours de la même conférence.

"Cependant, de notre point de vue, l'inflation dans la zone euro est essentiellement transitoire (...) même si certaines de ses composantes vont probablement prévaloir plus longtemps que prévu au cours de l'année prochaine", a-t-il ajouté.

S'exprimant lors d'une audition devant la commission bancaire du Sénat américain, Jerome Powell a déclaré mardi que le mot "transitoire" n'était plus le terme le plus précis pour décrire le niveau élevé de l'inflation aux Etats-Unis. (Reportage Balazs Koranyi; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)