Genève (awp) - Les marchés financiers, perturbés récemment par des craintes inflationnistes, devraient plutôt se réjouir du possible resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Cette normalisation va faire éclore de nouvelles opportunités d'investissement, affirme Gianluca Tarolli, chef économiste de Bordier & Cie.

"A moyen terme, un certain retour de l'inflation est favorable à la prise de risque", a expliqué à AWP M. Tarolli. La Fed va certes procéder à une réduction de ses achats d'actifs de dette - le fameux "tapering" - mais les taux d'intérêts devraient rester bas encore un bon moment, malgré la perspective d'un premier relèvement en 2023 aux Etats-Unis.

Dans ce contexte de politique monétaire accommodante, de rendements obligataires faibles et de contexte économique favorable, le marché des actions restera le plus intéressant encore pour un moment, selon le spécialiste de la banque genevoise. La plupart des entreprises en diffculté en raison du coronavirus devraient traverser la crise grâce aux aides gouvernementales, ce qui va limiter le nombre de défauts.

"En valorisation absolue, les actions, surtout américaines, sont historiquement chères. Par contre, si l'on tient compte des alternatives, et notamment du niveau des taux d'intérêt, la prime de risque qu'elles offrent est satisfaisante", souligne l'économiste.

Pas de risque, pas de rendement

La voie vers le rétablissement économique n'est cependant pas assurée à 100% et reste notamment conditionnée aux progrès des campagnes de vaccination. A l'heure actuelle, il s'agit du piège majeur qui pourrait se refermer sur les investisseurs aventureux. Une situation que Gianluca Tarolli relativise. "Pour l'instant, le rendement hors risque n'existe pas", tranche-t-il, évoquant les rendements faméliques de l'univers obligataire.

Alors que la tempête économique déclenchée par la pandémie semble se calmer, les investisseurs pourraient bien chercher un refuge capable de résister aux prochaines intempéries. La réputation de solidité des banques suisses devrait permettre à celles-ci de tirer leur épingle du jeu, à en croire l'économiste de la banque genevoise.

"Pendant de longues années, le secret bancaire a été un avantage concurrentiel. A chaque crise, la solidité du secteur est remise en question. Or, lors de la pandémie, les banques n'ont pas été ébranlées, au contraire, elles ont contribué aux mesures de soutien à l'économie en octroyant rapidement les crédits garantis par l'État, en jouant le rôle de courroie de transmission", note M. Tarolli.

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