Les prix de l’or poursuivent leur ascension vers de nouveaux sommets jamais atteints depuis avril 2013 et dépassent ce matin la barre des 1600 USD l’once. A ce titre, le parcours réalisé depuis le début de l’année est remarquable, l’or s’appréciant de près de 6% depuis le 1er janvier et d’environ 20% sur un an glissant.

Cette performance est évidemment à mettre au crédit de la chute des taux obligataires, alimentée par l’assouplissement de la politique monétaire de la Fed, contrainte de se montrer accommodante en raison du coronavirus, malgré une économie américaine fleurissante. Les principales banques centrales du globe sont engagées dans ce même processus de soutien monétaire, à l’image de la BCE qui œuvre à ancrer les anticipations de marché vers de nouvelles mesures accommodantes, ou encore la BoJ qui n’est pas prête à mettre fin à sa politique ultra-accommodante. Par conséquent, les rendements "sans risque" s'installent en territoire négatif, rendant la relique barbare mécaniquement plus attractive, puisque cette dernière ne délivre par définition, aucun rendement, aucun coupon, et présente en plus l’avantage de n’être adossée sur la dette d’aucun Etat.

Si le dénouement de la lancinante thématique commerciale avec la signature d’un accord de Phase 1 entre Washington et Pékin tend à apaiser les marchés, les tensions commerciales pourraient se déplacer en Europe. La pression exercée par les Etats-Unis sur le continent européen est effectivement montée d’un cran, plus particulièrement sur le secteur aéronautique avec une augmentation des taxes douanières imposées à Airbus. Dans ce contexte, il est évident que le chapitre des tensions commerciales n’est pas clos. Les opérateurs aspirent ainsi à plus de sécurité et demeurent enclins à couvrir leur exposition longue avec des valeurs refuges. En d’autres termes, les opérateurs avancent couverts. 

Malgré la hausse des prix de l’or, la demande en métal doré se maintient à un niveau proche de 2018, portée par la demande des investisseurs financiers selon les données du World Gold Council. L’appréciation des cours a pénalisé le secteur de la bijouterie et les ventes de pièces et lingots.  Cette baisse a néanmoins été compensée par la hausse des flux d’investissement dans les ETF adossés à l’or. A noter le ralentissement des achats des banques centrales, qui restent cependant sur des niveaux records.

Enfin, le dernier levier de croissance du marché de l’or est lié à l’appétit grandissant des banques centrales, particulièrement celles des pays émergents menant une politique de diversification des réserves de changes. Les banques centrales ont acheté 650,3 tonnes d'or en 2019, un niveau proche des records de 2018 (656.2 tonnes). Cette tendance pourrait perdurer dans les prochaines années.

En somme, la multiplication des risques sur la croissance mondiale, des politiques monétaires qui écrasent les rendements obligataires et l’appétit des banques centrales toujours intact, tel est le cocktail qui propulse les cours de l’or à la hausse malgré l’avancée inconditionnelle des indices boursiers.


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