Le début d'année 2023 est marqué pour les marchés actions par des dynamiques régionales un peu disparates, mais globalement positives. Les investisseurs sont en train de réinitialiser leurs logiciels en testant de nouvelles formules, sans convictions réellement fortes, faute d'une visibilité suffisante. Il y a quand même un regain d'appétit pour le risque, visible dans les évolutions sectorielles depuis le 1er janvier. Si je prends la cartographie proposée par Zonebourse sur le marché américain par exemple, je constate que les zones sectorielles qui ont baissé, comprendre qui ont été délaissées par les acheteurs, sont toutes à vocation défensive : la Santé, les Boissons et le Matériel Militaire. Il faut y ajouter l'industrie Pétrolière et Gazière, star des deux derniers millésimes qui a besoin de consolider. A l'autre extrémité, en territoire nettement positif après quelques séances 2023, on retrouve les matériaux de base et la consommation cyclique. La technologie ne démérite pas mais c'est sa poche la plus cyclique, en l'occurrence les semiconducteurs, qui est la plus prisée. Les grosses capitalisations de l'innovation ou des logiciels de type Apple ou Microsoft n'ont pas beaucoup brillé.

Moins de défensives et plus de cycliques donc pour démarrer l'année, parce que le marché mise sur un atterrissage économique plus ou moins contrôlé aux Etats-Unis et qu'il fourbit ses armes en préparation de la reprise chinoise, qui devrait se mettre en place après l'ouverture des vannes pandémiques. La séance boursière de la veille à Wall Street illustre cela, avec quelques hésitations puis une clôture sur des gains modérés : 0,56% pour le Dow Jones, 0,70% pour le S&P500 et 0,88% pour le Nasdaq. Bon an, mal an, le bilan 2023 a viré positif aux Etats-Unis après quelques ratés au démarrage. Les déclarations de Jerome Powell sur la politique monétaire hier n'ont finalement pas eu beaucoup d'impact sur les actions. Le marché obligataire s'est un peu tendu parce que le patron de la Fed a rappelé que le retour à la stabilité des prix peut nécessiter des mesures qui ne sont pas populaires à court terme, mais ça s'est arrêté là : Powell n'avait manifestement pas l'intention de s'étendre sur le sujet ni de faire passer de message particulier. La montagne de mardi a en quelque sorte accouché d'une souris.

En Europe, les indices actions ont mis un petit coup de frein, après un début d'année plus fertile qu'aux Etats-Unis. Le CAC40 français a perdu 0,55%, freiné par ses stars, en particulier ses stars du luxe. Il faut dire que la perspective d'un retour putatif de la Chine parmi les moteurs de l'économie mondiale a excité LVMH, Hermès et Kering, qui ont repris plus de 10% en sept séances. LVMH qui, avec une capitalisation équivalente à 407 Mds$ (379 Mds€), a dépassé JPMorgan Chase pour devenir la 10e capitalisation occidentale et la première non-américaine. Je souligne quand même que son flottant limité, puisque la famille Arnault possède près de la moitié du capital, fait que le géant français du luxe n'émarge qu'à la 40e place mondiale en matière de poids boursier réel. Nestlé, Roche, Shell, AstraZeneca et ASML en Europe affichent une capitalisation flottante supérieure à celle de LVMH car leur capital est très majoritairement entre les mains du public. Mais Bernard Arnault s'en fiche probablement puisque c'est ce niveau élevé de détention qui lui garantit une confortable avance dans le classement mondial de la fortune des milliardaires de Bloomberg, avec une évaluation à 178 Mds$ à l'heure où j'écris ces lignes. Son dauphin, Elon Musk, se morfond à 129 Mds$ depuis la sortie de route de Tesla.

Mais trêve de milliardaires. Le marché dans sa globalité reste focalisé sur deux éléments, le réveil chinois et les indicateurs qui vont dans le sens d'un arrêt prochain du cycle de resserrement monétaire de la Fed. A ce titre, le prochain rendez-vous est prévu jeudi avec les chiffres de l'inflation américaine de décembre. Si la surchauffe des prix ralentit comme cela est programmé (leur progression annuelle devrait décélérer de 7,1% à novembre à 6,5% en décembre), il n'y a pas vraiment de raison pour que le regain d'optimisme du début de l'année s'estompe. Toutes choses égales par ailleurs évidemment, comme toujours en matière de divination financière.

Celles et ceux qui sont saoulé(e)s par l'omniprésence de l'actualité macroéconomique vont peut-être trouver un peu de réconfort dans le retour des publications de résultats d'entreprises. Enfin j'espère sincèrement que vous avez d'autres sources de réconfort que ça, mais disons que ça va un peu varier les débats. Le roi des mastics, colles et autres produits d'étanchéité Sika a publié ses chiffres ce matin, comme les distributeurs britanniques J Sainsbury et JD Sports Fashion. Les choses plus sérieuses démarreront vendredi avec une flopée de financières américaines avant l'ouverture de Wall Street. L'agenda sera un peu moins clairsemé la semaine suivante, mais c'est à partir de la semaine du lundi 23 janvier que ça prendra une tournure franchement envahissante avec les premières stars de la cote.

Les marchés orientaux sont toujours au beau fixe. Tokyo a terminé en hausse de 1%, Hong Kong s'adjuge 1,2%, Sydney 0,9% et Séoul 0,5%. Bombay prend encore le contrepied en démarrant en légère baisse. Les indicateurs avancés européens regardent assez nettement vers le haut, pour combler l'écart qui s'est creusé hier avec Wall Street. Le CAC40 gagne 0,15% à 6879 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Marée basse sur les indicateurs aujourd'hui, hormis peut-être les stocks pétroliers US à 16h30. Tout l'agenda ici.

L'euro se maintient à 1,0734 USD. L'once d'or est ferme à 1877 USD. Le pétrole aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 79,36 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,58 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 3,59%. Le bitcoin perd un peu de terrain après sa remontée autour de 17 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 28 à 31 CHF.
  • Ahold Delhaize : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 30 à 31,80 EUR.
  • Alfen : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 65 EUR.
  • Amplifon : HSBC reprend le suivi à alléger en visant 22 EUR.
  • AP Moller Maersk : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 14 000 DKK.
  • BioMérieux : HSBC reprend le suivi à alléger en visant 80 EUR.
  • Capgemini : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 185 EUR.
  • Coloplast : HSBC reprend le suivi à alléger en visant 690 DKK.
  • ConvaTec : HSBC reprend le suivi à alléger en visant 200 GBp.
  • Dassault Systèmes : HSBC passe de conserver à acheter en visant 42 EUR.
  • Demant : HSBC reprend le suivi à l'achat en visant 220 DKK.
  • DiaSorin : HSBC démarre le suivi à conserver en visant 135 EUR.
  • Drägerwerk : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 36 EUR.
  • Eurofins Scientific : HSBC reprend le suivi à l'achat en visant 76 EUR. Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 58 EUR.
  • GN Store : HSBC reprend le suivi à l'achat en visant 220 DKK.
  • Interroll : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 2100 CHF.
  • Pfeiffer Vacuum : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 140 EUR.
  • Qiagen : HSBC démarre le suivi à l'achat en visant 57 EUR.
  • Schindler : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 163 à 183 CHF.
  • SMA Solar : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 85 EUR.
  • Smith & Nephew : HSBC reprend le suivi à l'achat en visant 1300 GBp.
  • Sonova : HSBC reprend le suivi à conserver en visant 290 CHF.
  • Stillfront : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 20 SEK.
  • STMicroelectronics : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 31 EUR.
  • Swisscom : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 600 CHF.
  • Vestas : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 254 DKK.
  • Vicat : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 29 à 23 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus engrange 820 commandes nettes en 2022 et livre 661 appareils.
  • Thales ne fera pas d'offre sur la branche de cybersécurité d'Atos.
  • Chez LVMH, Pietro Beccari prend la suite de Michael Burke aux commandes de Louis Vuitton.
  • Cobra IS (Vinci) remporte le contrat de conception-construction-installation de deux plateformes de conversion d'énergie électrique d'origine éolienne en mer du Nord.
  • Dassault Aviation reprend ses livraisons de Rafale à la France, avec le B359, destiné à l’armée de l’Air, qui fait partie de la commande dite "tranche 4" notifiée en 2009 pour 60 avions. La notification d’une tranche 5 est prévue en 2023.
  • SES-imagotag en négociation exclusive pour le rachat de la société In the Memory.
  • Reworld Media finalise de l'acquisition des marques Grazia et Icon auprès du Groupe Mondadori.
  • L'AP-HP s'engage pour une durée de 4 ans auprès de Proactis et Cegedim pour le déploiement de sa solution de gestion des approvisionnements.
  • BOA Concept lance un programme de rachat d'actions.
  • Néovacs lève 1 M€ via une tranche d'OCEANE-BSA.
  • BewellConnect (Visiomed) et Whealthy Care Solutions joignent leurs forces au sein de Bewellthy.
  • Trigano détache un dividende.
  • Miliboo et Safe S.A. ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Darktrace : réduit ses perspectives de revenus alors que les clients deviennent prudents.
  • J Sainsbury : voit son bénéfice dans le haut de la fourchette après la hausse des ventes de Noël.
  • JD Sports Fashion : Les prévisions de bénéfices annuelles sont relevées après une bonne croissance en fin d'année.
  • PageGroup : le britannique réduit ses perspectives de bénéfices en raison de la baisse de confiance des clients.
  • Sika : publie une croissance un peu plus élevée que son objectif en 2022, grâce à de fortes hausses de prix, mais un peu en-deçà des attentes.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Boeing enregistre 774 commandes nettes et livre 480 appareils en 2022.
  • Apple veut s'affranchir de Samsung en développant ses propres écrans.
  • Le fonds activiste Bluebell serait en train de renforcer sa participation dans Bayer dans le cadre d'une tentative de scission, selon Bloomberg.
  • Coca-Cola et PepsiCo sont les cibles d'une enquête de la FTC sur les prix.
  • Siemens Energy a décroché un contrat éolien de plus de 4 Mds€ avec Dragados Offshore.
  • Franchise Group songe à sortir de la cote américaine, selon le Wall Street Journal.
  • Fast Retailing (Uniqlo) augmente fortement ses salaires au Japon.
  • Snam et Eni ont finalisé l'achat par Snam de 49,9% des participations détenues par Eni dans les sociétés qui exploitent les deux groupes de gazoducs internationaux reliant l'Algérie à l'Italie.
  • Wells Fargo devrait se retirer du marché du prêt immobilier américain en raison de l'impact des hausses de taux d'intérêt et des exigences réglementaires plus strictes, a rapporté CNBC mardi.
  • Bed Bath & Beyond va réduire ses effectifs dans le but de diminuer ses coûts jusqu'à 100 M$, selon son PDG.
  • Equinor décroche 26 nouvelles licences de production en Norvège.
  • Medmix cède sa filiale polonaise et révise à la baisse sa marge opérationnelle.
  • Tesla va dépenser plus de 700 M$ pour agrandir son usine au Texas.
  • Azelis achète un distributeur néerlandais d'ingrédients de fumée.
  • Accenture détache un dividende.
  • Principales publications du jour : Sika, JD Sports Fashion, J SainsburyTout l'agenda ici.

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