Le titre de l'opérateur de la Bourse de Londres bondissait de près 15% à 6.492 pence vers 12h25 GMT, après avoir touché un record de 6.562 pence, signant la deuxième forte hausse du Footsie, qui prenait 1,8% à ce stade.

LSE a déclaré vendredi qu'il envisageait de racheter Refinitiv et de financer cette acquisition via une émission de titres. Les actionnaires actuels de Refinitiv deviendraient actionnaires de LSE avec 37% du capital et moins de 30% des droits de vote.

Refinitiv est contrôlé par le fonds américain Blackstone, qui a pris l'an dernier une participation de 55% dans cette ancienne division de Thomson Reuters dans le cadre d'une opération de 20 milliards de dollars, dette comprise.

Thomson Reuters, dont dépend Reuters News, conserve 45% de Refinitiv.

Les négociations sont à un stade avancé et Blackstone, LSE et Thomson Reuters sont globalement d'accord sur les principaux éléments de la transaction, ont dit les sources.

Une annonce officielle pourrait intervenir à l'occasion de la présentation des résultats semestriels de LSE, le 1er août, ont déclaré deux des sources.

Des représentants de Thomson Reuters, Refinitiv, Blackstone et LSE ont refusé de commenter.

Une telle fusion permettrait à LSE de développer fortement son activité de services financiers, sur laquelle l'opérateur boursier tente de s'appuyer pour disposer d'une source plus stable de trésorerie par rapport à ses autres activités de plate-forme d'échanges et de compensation.

INTÉRÊT STRATÉGIQUE

Pour aboutir, l'opération va toutefois devoir surmonter plusieurs écueils.

Les autorités de la concurrence en Europe et aux Etats-Unis devraient lancer un examen approfondi susceptible de durer 18 mois, ont dit les sources.

L'Union européenne devrait ouvrir une enquête dite de phase II, réservée aux cas dans lesquels les autorités craignent un impact majeur sur la concurrence, ont déclaré deux sources.

L'UE devrait notamment tenter de déterminer si l'opération affectera le prix des données financières, a dit une source.

Blackstone et d'autres actionnaires de Refinitiv devront aussi faire face à plusieurs périodes d'incessibilité de titres en fonction de la durée des enquêtes antitrust.

Trois sources proches du dossier ont dit à Reuters que Blackstone s'était lancé dans cette opération après avoir attentivement soupesé les obstacles réglementaires et le risque de chute du cours de Bourse de LSE en cas de Brexit sans accord en octobre.

Cette fusion présente un intérêt stratégique et ne se ferait pas sur un coup de tête, le fonds américain ayant l'intention de continuer à investir dans la future entité pendant au moins trois à quatre ans, ont dit ces sources.

Cette transaction avec LSE a été envisagée dès la finalisation de la prise de contrôle de Refinitiv en octobre, a déclaré une source.

Si elle aboutit, Blackstone aura à peu près doublé la valeur de son investissement initial dans Refinitiv en l'espace de neuf mois.

Il pourra ensuite réduire progressivement son exposition à LSE en vendant des titres à l'expiration des différentes périodes d'incessibilité, ont dit les sources.

L'ACCORD AVEC REUTERS NEWS SERAIT MAINTENU

Selon une source, le conseil d'administration de Thomson Reuters a examiné ce projet et il y est favorable.

Thomson Reuters a déclaré vendredi que l'accord sur la fourniture de contenus de Reuters News à Refinitiv pour une durée de 30 ans, conclu lors de l'investissement de Blackstone, resterait valable en cas d'opération avec LSE.

Blackstone a accepté l'an dernier de garantir à Thomson Reuters une hausse de sa participation dans Refinitiv de 45% à 47,6% en cas de réalisation de certains objectifs, ont dit trois sources.

Ces objectifs ayant été atteints, selon ces mêmes sources, Thomson Reuters disposera d'une participation de 15% dans LSE tandis que Blackstone et certains investisseurs minoritaires ayant participé à la prise de contrôle de Refinitiv, comme l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada et le fonds souverain de Singapour (GIC), contrôleront pour leur part 22% de l'opérateur.

Goldman Sachs, Morgan Stanley et Robey Warshaw travaillent avec LSE, ont dit les sources.

Blackstone a chargé Evercore et Canson Capital Partners de négocier en son nom tandis que Thomson Reuters est représenté par Guggenheim Securities, selon les sources.

(Avec Huw Jones; Bertrand Boucey pour le service français)

par Pamela Barbaglia