Mais commençons par les statistiques macroéconomiques, qui n'offrent pas beaucoup de répit aux accros de la théorie de l'inflation temporaire. Hier aux États-Unis, l'indice des prix à la consommation de septembre a dépassé les attentes et s'est retrouvé en très légère accélération par rapport à l'évolution déjà haussière des mois de juillet et d'août. Sur un an, l'inflation s'établit outre-Atlantique à 5,4%, sans donner pour l'instant de signes de faiblesse. A plusieurs milliers de kilomètres de là, en Chine, le Bureau national des statistiques a annoncé que les prix à la production étaient en hausse de 10,7% sur un an en septembre, un chiffre inédit au XXIe siècle pour l'ancien Empire du Milieu. Pour être parfaitement transparent, il convient de souligner que les prix à la consommation chinois continuent à rester étonnamment modérés, en hausse de 0,7% sur un an. Une faiblesse qui s'explique toutefois par certains facteurs épisodiques, comme le plongeon des prix du porc et un tourisme en berne à cause de la légère reprise épidémique constatée dans le pays à la fin de l'été.

Les hausses de prix sont alimentées, on le sait, par les pénuries actuelles et la désorganisation des chaînes logistiques. Mais concrètement, que se passe-t-il ? Illustration en Californie où, selon les données de Platts, 57 porte-containers font actuellement la queue dans la Baie de San Pedro en attendant d'être déchargés à Los Angeles ou à Long Beach. Ces navires sont à la fois inutiles tant qu'ils sont à l'arrêt et indisponibles pour aller recharger en Asie. Aucun horaire de livraison ne peut être respecté dans ces conditions. Et la situation se répète ailleurs, dans d'autres ports, entraînant des désordres exponentiels. Cela explique les regards navrés du vendeur qui ne peut garantir de date de livraison pour votre nouveau lave-vaisselle ou le mail reçu pour expliquer que, pour la quatrième fois, l'envoi des chaises de jardin commandées en juin est décalé à novembre, lorsqu'elles seront beaucoup moins utiles. L'indice Freightos Baltic montre que le voyage d'un container de 40 pieds coûte actuellement 16 000 USD entre l'Asie du Sud-Est et la côte ouest américaine. Les prix sont en baisse par rapport à leurs records récents, mais ils restent 5 à 10 fois supérieurs aux tarifs moyens antérieurs à la crise logistique actuelle. Pour accélérer le déchargement, la Maison Blanche a autorisé hier le port de Los Angeles à travailler 24h/24 et 7j/7, une cadence maximum qui était déjà de mise à Long Beach. Ensemble, les deux terminaux voient transiter environ 40% des importations par containers du pays. De quoi améliorer l'ordinaire au pied du sapin. Pour un retour à la normale, il faudra encore attendre plusieurs mois.

Changement de décor avec quelques mots sur les introductions en bourse. Le marché des IPO est historiquement assez fragile en Europe. Lorsque les places boursières traversent une passe plus compliquée comme c'est le cas actuellement, des opérations sont annulées, "à cause des conditions de marchés", selon la formule consacrée bien utile pour trouver une cause extérieure fourre-tout. En réalité la plupart du temps, c'est parce qu'un dossier est mal fagoté : trop cher ou trop risqué. C'est le cas de petits acteurs, mais on a aussi vu des Coolblue ou des Icade Santé renoncer dernièrement. Cette mésaventure n'arrivera apparemment pas à OVH, la star française du cloud, qui devrait démarrer sa vie boursière vendredi. Mais l'opération sera réalisée dans le bas de la fourchette proposée, ce qui ne serait probablement pas arrivé si les indices étaient toujours au zénith. Et puis il faut dire que les rendez-vous d'OVH avec le marché sont marqués par la poisse : après avoir décalé son opération en mars dernier à cause du sévère incendie qui avait affecté l'un de ses centres de données à Strasbourg, l'entreprise a connu hier une panne d'envergure. On a déjà vu mieux pour convaincre des investisseurs.

Quant aux marchés actions au sens large, ils ont l'air de traverser depuis hier un moment de retournement positif comme nous en avons connu quelques-uns depuis le début de l'été. Les banques centrales veulent toujours réduire leur soutien, les prix restent haut perchés, les rendements obligataires n'ont que peu reculé et le bazar règne toujours dans les lignes d'approvisionnement, comme nous l'avons vu plus haut. Le seul véritable soutien provient des premiers résultats d'entreprises, ceux de LVMH, SAP et BlackRock notamment. Les trimestriels continuent aujourd'hui avec une grosse livraison de financières américaines, ainsi que des acteurs comme Rio Tinto ou UnitedHealth. Hier, ce sont les stars qui ont sonné la révolte. La technologie et le luxe ont retrouvé leur rôle de locomotives. En plus des résultats, les investisseurs gardent un œil sur les prix à la production américains, annoncés à 14h30. Après tout ils font partie, eux aussi, du meccano inflationniste.

Les indicateurs avancés sont haussiers en Europe ce matin. En Asie, le Japon et l'Australie progressent mais la Chine continentale reste sous pression. Hong Kong fait relâche pour un jour férié.

Les temps forts économiques du jour

L'indice des prix à la production d'août et les inscriptions hebdomadaires au chômage sont au programme aux Etats-Unis à 14h30, avant les stocks pétroliers hebdomadaires.

L'euro remonte légèrement à 1,1591 USD, tandis que l'or se réveille enfin en remontant à 1788 USD l'once. Le pétrole reste ferme, avec un baril de Brent de mer du Nord à 83,70 USD et un baril de brut léger américain WTI à 80,93 USD. Les rendements obligataires sont plutôt sur la pente descendante, avec un T-Bond à 1,55% et un Bund à -0,13% sur 10 ans. Le bitcoin accroche les 58 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air Liquide : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 162 EUR.
  • Arkema : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 130 EUR.
  • BASF : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 89 EUR.
  • BPER Banca : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 2,30 EUR.
  • Covestro : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 65 EUR.
  • CGG : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 0,80 EUR.
  • Clariant : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 17,50 CHF.
  • Electricité de France : HSBC relève son objectif de 14,30 à 15,10 EUR.
  • Evonik : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 30 EUR.
  • Givaudan : Jefferies reprend le suivi à sousperformance en visant 3900 CHF.
  • Idorsia : Goldman Sachs réduit son objectif de cours de 24,50 à 18,50 CHF.
  • Nestlé : RBC reste la performance sectorielle avec un objectif de cours réduit de 102 à 99 CHF.
  • Novozymes : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 490 DKK.
  • SSE : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1300 à 1690 GBp.
  • Symrise : Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 130 EUR.
  • Umicore : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 48 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Publicis revoit ses objectifs en hausse.
  • Technip Energies remporte le plus grand projet de production d'hydrogène par electrolyse en Inde auprès de NTPC.
  • Les aéroports Vinci voient leur trafic doubler sur un an au T3, mais rester inférieur de 59% à celui de 2019.
  • ALD acquiert Fleetpool pour développer des services d'abonnement digitaux en Europe.
  • L'IPO d'OVH Groupe aura lieu en bas de fourchette.
  • Akka dévoile Green&Fly, un avion 100% électrique à hydrogène.
  • Covivio signe avec Samsung France.
  • Groupe Marie Claire a souscrit à une augmentation de capital réservée de PlanetMedia à 1,50 EUR l'action, pour 1,2 M€.
  • NextStage AM accompagne le développement de MoonBikes, solution de mobilité électrique en milieu enneigé.
  • Tonghua Dongbao, le partenaire d'Adocia, a reçu l'autorisation de commencer le programme de phase III de l'insuline ultra-rapide BioChaperone Lispro pour le traitement des diabètes de type 1 et 2 en Chine.
  • Safe Orthopaedics inaugure un Centre d'Innovation et de Production à Fleurieux-sur l'Arbresle.
  • Alan Allman Associates rachète la société canadienne Help OX.
  • Waga Energy lance son IPO à Paris.
  • Vilmorin, Prodware, Groupe Pizzorno, Catana, Winfarm, Drone Volt, GL Events et Invibes ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

Lectures