PARIS (Reuters) - Les nouvelles mesures de lutte contre le coronavirus prises en Europe vont peser sur la conjoncture mais il reste des moyens de la stimuler, estime la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) dans un entretien publié lundi par Le Monde.

"Après le rebond observé cet été, la reprise était inégale, incertaine et incomplète. Elle risque désormais de s'essouffler", déclare Christine Lagarde.

"Nous n'avons pas épuisé toutes les possibilités de notre boîte à outils. S'il faut faire plus, nous ferons plus", ajoute-t-elle.

Elle n'en dit pas plus mais une majorité d'économistes s'attend à ce que la banque centrale prolonge et augmente en décembre son "programme d'achats d'urgence face à la pandémie" (PEPP), dont le montant est pour l'instant fixé à 1.350 milliards d'euros.

Le scénario central de l'institution de Francfort prévoit pour 2020 une chute du PIB de 8% en moyenne dans la zone euro, en incluant des hypothèses de restrictions partielles, et localisées, explique Christine Lagarde au Monde.

"Si la situation se détériore, cela noircira évidemment nos prévisions, que nous réviserons en décembre", ajoute-t-elle.

La présidente de la BCE appelle également les Etats européens à mettre en oeuvre rapidement le plan de relance de 750 milliards d'euros validé en juillet.

"L'objectif de la Commission est de pouvoir les verser début 2021 et il doit absolument être tenu", dit-elle.

"La balle est dans le camp des Etats, qui doivent présenter leurs plans de relance - certains sont déjà prêts -, et de la Commission, qui devra les passer au crible rapidement. Les responsables politiques devront aussi aller vite, notamment les parlements nationaux pour adopter les dispositifs."

(Jean-Stéphane Brosse, Jean-Philippe Lefief et Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)