L'évolution récente des fondamentaux économiques pourrait avoir réduit la capacité de la BCE à influencer les prix à la consommation et donc nui à sa crédibilité, a-t-il ajouté.

"L'interdépendance entre l'activité économique et les pressions inflationnistes semble s'être réduite ces dernières années", a expliqué Olli Rehn, qui siège au Conseil des gouverneurs de la BCE et est considéré comme un possible successeur de Mario Draghi à la présidence de l'institution.

"Si ce phénomène devait se révéler durable, il impliquerait une diminution de l'impact de la politique monétaire sur l'inflation par le biais de la demande globale", a-t-il poursuivi.

Il a souligné que même les mesures sans précédent mises en oeuvre ces dernières années dans le but de favoriser la hausse des prix n'ont pas porté leurs fruits et que les anticipations d'inflation continuaient de diminuer, ce qu'il juge préoccupant.

La perspective d'un maintien prolongé de taux d'intérêt bas limite la capacité de la banque centrale à user des taux comme instrument de politique monétaire et la rend dépendante d'outils non conventionnels qui n'ont pour l'instant pas fait la preuve de leur efficacité en matière d'inflation, a regretté Olli Rehn, ce qui plaide selon lui pour un réexamen des instruments dont elle dispose.

"Naturellement, cela ne signifierait pas une remise en cause de l'objectif primordial de stabilité des prix mais cela impliquerait un réexamen exhaustif des principes de base, des principales hypothèses et des outils utilisés pour la mise en oeuvre de la politique monétaire", a-t-il déclaré.

L'économiste en chef de la BCE, Peter Praet, a jugé récemment que la période actuelle "pourrait ne pas être le bon moment" pour un tel réexamen des instruments de politique monétaire.

(Anne Kauranen et Balazs Koranyi,; Marc Angrand pour le service français, édité par Blandine Hénault)