FRANCFORT, 11 mai (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) continuera d'apporter un soutien important à l'économie de la zone euro même après l'arrêt de son programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP) de 1.850 milliards d'euros, a déclaré mardi Klaas Knot, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de l'institution.

La reprise en cours aboutira à la fin de la situation d'urgence actuelle mais l'inflation reste trop basse, ce qui oblige la BCE à maintenir des mesures de soutien en recourant à des outils non conventionnels, a expliqué le gouverneur de la banque centrale des Pays-Bas lors d'une conférence en ligne.

"La seule chose dont nous parlons, c'est de passer d'un soutien d'urgence à d'autres formes de soutien non conventionnel", a-t-il dit.

"Nous aurons encore le vieux programme d'achats d'actifs, nous aurons encore les taux d'intérêt négatifs et, plus important, les opérations de refinancement à plus long terme ciblées pour les banques", a-t-il ajouté.

Klaas Knot a été l'un des premiers membres du Conseil des gouverneurs de la BCE à s'exprimer publiquement en faveur d'un retrait progressif des mesures d'urgence une fois la reprise enclenchée. Pour autant, une majorité d'observateurs estiment que le Conseil des gouverneurs ne devrait pas modifier ses soutiens lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, le 10 juin.

Pour Klaas Knot, la reprise économique dans la zone euro prend de l'ampleur et la demande latente des ménages de la région pourrait être encore plus importante qu'estimé.

"Au bout du compte, je pense que les perspectives sont plutôt prometteuses, plus prometteuses qu'elles ne l'ont été depuis bien longtemps", a-t-il dit.

"Je dirais qu'il reste un important risque à la hausse, qui est lié à la demande latente", a-t-il ajouté.

Evoquant le plan de relance de 750 milliards d'euros élaboré par l'Union européenne, il a déclaré que "le fonds de relance Next Generation EU est un autre facteur qui devrait nous permettre de réduire progressivement les achats d'actifs en urgence puisque l'urgence touchera clairement à sa fin une fois que nous serons en 2022".

Il a aussi expliqué que la BCE avait peut-être sous-estimé jusqu'à présent l'impact de la demande latente de ménages et que le déblocage de l'épargne accumulée depuis la début de la crise du coronavirus pourrait doper la croissance.

L'inflation, elle, reste faible et même si elle remonte, son évolution ne sera pas suffisante pour justifier "un environnement de taux d'intérêt fondamentalement différent", a-t-il dit. (Balazs Koranyi, version française Marc Angrand)