Francfort (awp/afp) - La Banque centrale européenne (BCE) ne doit pas craindre d'en faire trop face aux risques graves qui pèsent sur l'économie, a déclaré mardi un membre du directoire de l'institution.

"Les risques d'une réaction excessive (en termes de) politique (monétaire) sont beaucoup plus faibles que les risques d'une politique trop lente ou trop timide pour réagir" face aux "pires scénarios (pouvant) se matérialiser", a déclaré Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, lors d'un discours.

Ces propos interviennent alors que la zone euro subit une remontée des cas d'infections au nouveau coronavirus, fragilisant la reprise qui a été perceptible cet été après le creux abyssal, à -12%, du Produit intérieur brut au printemps.

M. Panetta a ajouté que l'appréciation ces derniers temps de l'euro "est un facteur que nous devons surveiller de près" car il peut peser sur la dynamique des prix, avec une inflation déjà loin de l'objectif proche de 2% poursuivi par l'institution.

Par ses déclarations, le banquier central italien "se positionne parmi les colombes", surnom des partisans d'un soutien appuyé à la croissance, "aux côtés de l'économiste en chef Philip Lane" qui siège aussi au directoire de la BCE, a commenté Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management.

Surtout, il se pose "comme un successeur clair de Mario Draghi (président de la BCE entre 2011 et 2019) en insistant sur la nécessité pour la BCE d'être tournée vers l'avenir et proactive face aux grands risques de baisse des perspectives économiques", a ajouté M. Ducrozet.

A l'été 2014, alors que l'économie battait de l'aile, M. Draghi avait déjà pointé les risques de "ne pas en faire assez", par rapport à ceux "d'en faire trop", dans un discours au symposium annuel des banques centrales de Jackson Hole, aux Etats-Unis.

Quelques mois plus tard, la BCE lançait l'assouplissement quantitatif, via des rachats massifs de dette publique et privée qui cumulent depuis plus de 2.800 milliards d'euros et se poursuivent actuellement.

Face aux nombreuses incertitudes pesant sur la croissance, les observateurs attendent de nouvelles mesures de la BCE, désormais présidée par Christine Lagarde, à l'horizon de décembre.

Cela pourrait consister en une nouvelle rallonge du plan d'urgence face à la pandémie (PEPP), d'abord doté de 750 milliards d'euros en mars puis porté à 1.350 milliards d'euros en juin.

afp/lk