FRANCFORT, 11 avril (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) ne doit pas laisser le retour de l'inflation à son objectif prendre davantage de retard car les perspectives actuelles ne sont pas satisfaisantes et les écarts persistants risquent de nuire à l'économie, a déclaré Fabio Panetta, l'un des membres du directoire de l'institution, au journal espagnol El Pais.

La BCE n'a pas atteint une seule fois depuis huit ans son objectif d'un taux d'inflation de près de 2% en rythme annuel et ses propres prévisions montrent qu'elle n'y parviendra pas pendant les années à venir.

Certains responsables de la banque centrale estiment qu'elle doit tout simplement tolérer une augmentation plus lente des pressions sur les prix au lieu d'essayer d'en faire encore plus, mais Fabio Panetta a rejeté cet argument, prévenant que le coût d'une telle stratégie dépasserait ses avantages.

"L'argument selon lequel nous pourrions étendre l'horizon pour atteindre l'objectif n'est pas convaincant", a-t-il dit à El Pais selon un entretien publié dimanche. "Cela fait déjà trop d'années que la BCE n'a pas réussi à atteindre son objectif."

Fabio Panetta a fait valoir qu'attendre serait encore plus coûteux. "Il serait plus difficile de ré-ancrer les anticipations d'inflation et nous risquerions une réduction permanente du potentiel économique."

La BCE a intensifié ses mesures de relance le mois dernier mais elle ne prévoit toujours qu'une hausse de l'inflation à 1,4% d'ici 2023, un niveau que Fabio Panetta juge insatisfaisant.

Alors que certains responsables de la politique monétaire plaident déjà en faveur d'une réduction des achats d'urgence d'obligations à partir du troisième trimestre, Fabio Panetta a mis en garde contre une évolution trop rapide, affirmant que dans une telle crise, un soutien excessif était préférable à un soutien insuffisant.

(Balazs Koranyi; version française Camille Raynaud, édité par Marc Angrand)