Personne ne connaît exactement la situation économique dont héritera Christine Lagarde au soir du 31 octobre 2019, lorsque Mario Draghi lui transférera les clefs de la BCE, huit ans après les avoir récupérées de Jean-Claude Trichet. Mais il y a de fortes chances pour qu'elle ne soit pas particulièrement reluisante en Europe. La dégradation des indicateurs de croissance, en particulier en Allemagne, a forcé la banque centrale à agir promptement. Il ressort de la réunion du 25 juillet à Francfort que les pilotes de la politique monétaire de la zone euro ont choisi de ne pas abaisser les taux dans l'immédiat : les trois taux directeurs restent donc inchangés. En revanche, le conseil des gouverneurs ajoute que ces taux resteront sur ces niveaux "ou plus bas au moins jusqu'à la fin du premier semestre 2020", ce qui introduit un nouvel horizon et la possibilité d'un abaissement. Autre innovation, la banque centrale ne cite plus la cible des 2% mais précise que les taux seront adaptés aussi longtemps que nécessaire pour assurer la convergence de l'inflation avec l'objectif de moyen terme.

Le conseil des gouverneurs a aussi souligné la nécessité d'adopter un biais "très accommondant" pour une période de temps étendue et se tient prêt à "ajuster tous ses instruments" pour s'assurer que l'inflation tendra vers l'objectif de manière pérenne. Il a aussi mandaté les comités de la banque pour examiner plusieurs options pour atteindre ses objectifs. Notamment, la possilité d'un "tiering", un système de taux dégressifs, déjà en vigueur ailleurs et qui permettrait de ne pas pénaliser les banques commerciales outre-mesure. 

"Il apparaît désormais plus évident que la réunion de septembre ne sera pas le théâtre de l'annonce d'une seule mesure, mais d'un paquet de mesures", estime l'économiste d'ING Carsten Brzeski après la décision. Trois éléments clefs ont changé dans la communication, souligne le spécialiste. D'abord, la mention de taux plus faibles. Ensuite, l'introduction de nouveaux termes comme l'engagement d'agir si l'inflation continue à manquer l'objectif, ou la mention de possibilité d'ajustement de "tous les instruments". Enfin, la BCE a utilisé les "mots magiques", selon Brzeski : l'examen de différentes options de QE par les comités internes. Avant même la tenue de la conférence de presse, "il est clair que la réunion du jour était le dernier arrêt avec une nouvelle action de la BCE". 

La conférence de présentation de la décision débutera à 14h30.