FRANCFORT (Reuters) - Certains dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont plaidé le mois dernier pour une augmentation limitée de ses achats d'obligations et tous se sont mis d'accord pour concentrer ces achats sur le deuxième trimestre à condition qu'ils puissent être réduits par la suite si les conditions le permettent, montre jeudi le compte rendu des débats.

Préoccupés par le risque de voir la remontée des rendements obligataires sur les marchés compromettre la reprise économique, les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE ont décidé en mars d'augmenter les achats de titres réalisés dans le cadre du Programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP), doté de 1.850 milliards d'euros.

Ces achats ont ainsi augmenté de plus de 20% le mois dernier, ce qui a permis de stabiliser les rendements obligataires nominaux et de ramener les rendements ajustés de l'inflation à leurs plus bas du début d'année.

Mais certains membres du Conseil ont plaidé en faveur d'une augmentation plus limitée, qui refléterait selon eux plus fidèlement l'équilibre des risques et les anticipations d'accélération de la croissance.

"Tous les membres se sont joints à un large consensus autour de la proposition avancée par (l'économiste en chef Philip) Lane sur l'idée que l'enveloppe totale du PEPP n'était pas remise en question dans les conditions actuelles et que le rythme des achats pourrait être réduit à l'avenir", dit le compte rendu.

"Il a été souligné que la flexibilité prévue par le PEPP était symétrique, ce qui implique que le rythme des achats peut être augmenté et diminué en fonction des conditions de marché."

INTERPRÉTATIONS DIVERGENTES DE LA HAUSSE DES RENDEMENTS

La BCE réévaluera le rythme de ses achats en juin et plusieurs membres du Conseil, parmi lesquels le gouverneur de la banque centrale néerlandaise, Klaas Knot, et son homologue autrichien, Robert Holzmann, ont déjà exprimé l'espoir que les progrès de la vaccination contre le COVID-19 et l'amélioration de la situation sanitaire permettent de commencer à les réduire au troisième trimestre.

Le compte rendu des discussions des 10 et 11 mars montre aussi que le Conseil était divisée sur l'interprétation de la hausse des rendements obligataires.

Si certains de ses membres ont jugé ce mouvement prématuré, d'autres ont estimé qu'il reflétait une amélioration des perspectives d'inflation en notant que les coûts de financement restaient très bas.

Certains ont également déclaré que l'augmentation des rendements des emprunts d'Etat devrait être forte et durable pour avoir un impact sur les coûts de financement.

"Il a été avancé qu'une hausse des taux réels n'était pas nécessairement un motif de préoccupation et ne devait pas déclencher une réaction de la politique monétaire si elle reflétait une amélioration des perspectives de croissance plutôt qu'une augmentation des primes de terme réelles", dit le compte rendu.

La prochaine réunion du Conseil des gouverneurs aura lieu le 22 avril mais les marchés n'en attendent pas d'évolution majeure de la stratégie de la BCE.

Jeudi, dans un communiqué publié à l'occasion de la réunion de printemps du Fonds monétaire international, Christine Lagarde a déclaré que la pandémie allait continuer de peser sur l'activité économique à court terme mais que les risques à plus long terme étaient en train de refluer.

(Balazs Koranyi et Francesco Canepa, version française Marc Angrand, édité par Patrick Vignal)