Francfort (awp/afp) - La Banque centrale européenne a annoncé mercredi le renforcement de son dispositif de protection des "lanceurs d'alerte" susceptibles de faire connaître en interne des agissements manifestement illégaux.

L'institution gardienne de l'euro va se doter d'un "nouvel outil" informatique permettant de signaler en interne "de manière simple et sécurisée" les manquements potentiels aux "obligations professionnelles, les comportements inappropriés ou d'autres irrégularités" qui apparaîtraient en son sein, indique un communiqué.

En outre, la possibilité sera donnée pour les lanceurs d'alerte et les témoins de mauvais agissements de "demander une protection contre les représailles" qu'ils pourraient craindre de la part de leur entourage professionnel.

Le nouvel outil informatique, qui sera opérationnel dans une semaine, permet également des "rapports anonymes".

"Le nouveau cadre d'alerte renforce l'attachement de la BCE à ses valeurs communes et encourage le personnel à s'exprimer en toute confiance", a déclaré la présidente de l'institution, Christine Lagarde, dans ce communiqué.

Interpellée mercredi par un représentant de la société civile lors d'un débat virtuel sur la stratégie future de la BCE, Mme Lagarde a assuré que ce nouveau dispositif "est conforme à la directive européenne (d'avril 2019, NDLR) qui inclut une protection très solide contre les représailles" pour les lanceurs d'alerte.

Une affirmation contestée par le syndicat IPSO au sein de l'institution, qui se dit "préoccupé par le fait que la BCE a refusé d'accorder la protection aux lanceurs d'alerte en cas de divulgation dans le public, comme le prévoit la directive", affirme Carlos Bowles, membre du syndicat joint par l'AFP.

Et de rappeler qu'en 1999, le fonctionnaire européen Paul van Buitenen, qui avait dénoncé les irrégularités à grande échelle au sein de la commission de Bruxelles, conduisant à la démission de la totalité de ses membres, avait par la suite fait l'objet d'une mutation-sanction faute d'avoir une protection adéquate.

Aussi, le dispositif adopté par la BCE, avec ses lacunes supposées, fait qu'il "est peu probable que les membres du personnel informent l'opinion publique de tout acte répréhensible dont ils ont été témoins", ajoute Emmanuel Larue, président du syndicat IPSO, dans un communiqué.

"La BCE veut éviter la possibilité d'un débat public sur d'éventuels actes répréhensibles", conclut-il.

afp/rp