Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre devrait annoncer jeudi une augmentation de son programme de rachat d'actifs pour soutenir l'économie britannique au début d'un deuxième confinement dans toute l'Angleterre pour faire face à la pandémie de Covid-19.

L'institution, qui se réunit mercredi, doit annoncer sa décision jeudi à 12H00 GMT (13H00 à Paris), dans un pays dont l'économie se remet déjà difficilement du premier "lockdown", et fragilisée par les difficultés à trouver un accord commercial post-Brexit avec l'Union européenne.

"Avec l'entrée de l'Angleterre dans un confinement d'au moins un mois, nous nous attendons à ce que le Comité de politique monétaire (MPC) amplifie sa réaction à la deuxième vague", a commenté Sanjay Raja, analyste chez Deutsche Bank.

Plusieurs cambistes, qui tablaient déjà sur une augmentation du programme de rachats d'actifs, ont revu ces prévisions à la hausse et misent désormais sur 100 milliards de livre supplémentaires, pour un total de 845 milliards de livres sterling.

Entre le Covid-19 et la poursuite des négociations entre l'UE et le Royaume-Uni, "avant même que le nouveau confinement ne soit annoncé, des membres du MPC (Comité de politique monétaire) s'étaient inquiétés des risques et des incertitudes qui pesaient sur l'économie britannique, malgré un net rebond au troisième trimestre après sa contraction record au second", a rappelé Howard Archer, de EY Item Club.

A partir de mai, l'économie britannique, qui a plongé de 19,5% en avril, a redémarré grâce à la levée progressive des entraves à l'activité. Mais la croissance s'est effilochée au fil des mois, passant de 9,1% en juin à 6,4% en juillet pour finir à 2,1% en août.

Avec le reconfinement, "les conséquences sur la croissance seront considérables", selon les économistes de Deutsche Bank, qui anticipent un plongeon du PIB entre 6 et 10% en novembre et une contraction "probable" sur le trimestre.

Pas (encore) de taux négatifs

Mais la BoE ne devrait cependant pas toucher à son taux d'intérêt directeur, qui a été fixé à son plus bas historique à 0,1% au début de la pandémie, estiment des analystes, même s'ils espèrent entendre le gouverneur de l'institution Andrew Bailey s'exprimer sur l'hypothèse de faire passer le taux en territoire négatif.

"Nous ne nous attendons pas à ce qu'ils agissent (sur le taux) dès jeudi, car ils doivent attendre la réponse des banques sur les implications opérationnelles qu'auraient un taux négatif", ont écrit les analystes de Morgan Stanley.

Lors de la dernière réunion de la BoE, en septembre, cette possibilité a été évoquée, et les établissements financiers ont été sollicités en octobre.

Mais cette réflexion n'était "pas une indication que le MPC va utiliser un taux d'intérêt à zéro ou négatif", avait pris la peine de préciser Sam Woods, directeur général de l'Autorité prudentielle de régulation (PRA) de l'institut monétaire en sollicitant les banques, qui ont jusqu'au 12 novembre pour répondre.

En fixant un taux directeur négatif, les banques centrales font payer les banques pour leurs dépôts, afin d'encourager les prêts aux entreprises ou particuliers et de stimuler l'inflation.

Selon le Bureau national des statistiques (ONS), l'inflation au Royaume-Uni a atteint 0,5% en septembre sur un an, alors qu'elle évoluait autour de 2% en 2019 et début 2020.

"Nous ne négligeons pas l'idée que les taux d'intérêts négatifs soient utilisés plus tard", juge Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics, "mais pour les 6 à 12 prochains mois, nous pensons que la BoE favorisera les rachats d'actifs".

afp/rp