Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait maintenir sa politique monétaire inchangée jeudi, estiment les observateurs, malgré une hausse de l'inflation à des niveaux inobservés depuis une dizaine d'années au Royaume-Uni.

L'institution monétaire dévoilera les conclusions de sa réunion de politique monétaire à 13h heure de Paris, sans conférence de presse ou actualisation de ses prévisions d'inflation et de croissance.

Depuis sa dernière réunion sept semaines plus tôt, le Royaume-Uni a enregistré une inflation de 3,2% sur un an en août, un sommet depuis 2012 et bien au-delà de l'objectif de la BoE, à 2%.

Et l'hiver ne s'annonce pas clément : les prix du gaz au Royaume-Uni ont atteint des niveaux records sur le marché, une situation qui devrait se répercuter sur le consommateur.

Alors que la Banque d'Angleterre avait adopté au début de la crise sanitaire un taux directeur historiquement bas (0,1%) et un programme de rachats d'actifs géant (895 milliards de livres), un durcissement pourrait paraître logique.

"Certains économistes tablent désormais sur une première hausse du taux directeur au premier trimestre 2022", commente Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics, qui juge pourtant que la BoE attendra 2023.

"Une hausse des taux dans les prochains mois serait contre-productive", plaide-t-elle : "Andrew Bailey ne voudra pas entrer dans l'Histoire comme le gouverneur ayant laissé l'inflation renaître, mais il ne voudra pas non plus laisser le souvenir d'avoir replongé le pays en récession en remontant les taux trop tôt !".

Emploi sous perfusion

Les membres du comité monétaire devraient affirmer que les conditions nécessaires à une hausse des taux sont atteintes, mais pas suffisantes, la même formulation qu'ils avaient adoptée en août.

À travers le monde, les autres banques centrales font face au même dilemme, entre inflation et crainte d'étouffer la reprise.

La Fed américaine a annoncé mercredi soir qu'elle pourrait "bientôt" commencer à réduire son soutien monétaire à l'économie ; la Banque centrale suisse n'a pas touché à sa politique monétaire ; et celle de Norvège a été jeudi la première des grandes banques centrales à relever ses taux, à 0,25%.

Quelles conditions pour que la BoE suive son exemple? Selon les analystes de Deutsche Bank, il faudrait que le PIB britannique renoue avec son niveau d'avant la crise, que les risques sanitaires disparaissent complètement et que l'emploi reste stable.

Le programme gouvernemental qui a maintenu l'emploi sous perfusion doit s'arrêter fin septembre.

"La manière dont le marché du travail réagira à la fin du programme est cruciale pour définir le calendrier de hausse des taux", soulignent les analystes de BNP Paribas, tablant sur une première hausse des taux en mai.

Les observateurs attendent par ailleurs de voir comment le nouveau chef économiste de la BoE, Huw Pill, se positionnera.

Son prédécesseur Andy Haldane se démarquait par ses inquiétudes sur l'inflation, jugeant qu'elle risquait de s'installer durablement, et d'après les analystes de BNP Paribas, M. Pill devrait rester sur cette lignée.

En août, en l'absence du chef économiste, un seul des huit membres présents du comité monétaire s'était opposé au maintien du programme de rachats d'actifs, et aucun n'avait voté contre le maintien du taux à 0,1%.

afp/ck