Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) a opté sans surprise jeudi pour le statu quo de sa politique monétaire en attendant l'issue de difficiles négociations sur le Brexit, source d'une "plus grande incertitude".

La décision de la BoE de maintenir son taux d'intérêt directeur à 0,75% et son programme de rachats d'actifs, qui ne constitue pas une surprise pour le marché, a été prise à l'unanimité des neuf membres de son comité de politique monétaire, selon un communiqué de l'institution.

La banque centrale n'a pas souhaité prendre davantage de risque après avoir resserré sa politique monétaire le mois dernier, augmentant alors ses taux pour la deuxième fois seulement depuis la crise financière de 2008.

Elle reste partagée entre son désir de poursuivre le resserrement monétaire pour limiter l'inflation à 2% l'an et les contraintes de court terme avec de potentiels dégâts du Brexit sur l'économie, qui la pousse à constituer quelques munitions en cas de soubresaut.

La Banque d'Angleterre a d'ailleurs pointé jeudi "une plus grande incertitude" autour du processus de Brexit, au moment où Londres et Bruxelles peinent à s'entendre sur les conditions du départ du Royaume-Uni de l'UE prévu fin mars 2019.

"Depuis la dernière réunion du comité de politique monétaire (CPM), il y a eu des signes, notamment sur les marchés financiers, d'une plus grande incertitude autour des futurs développements du processus de sortie", a expliqué le CPM de la Banque d'Angleterre (BoE) à l'issue de sa réunion.

La livre sterling a notamment connu un accès de volatilité ces dernières semaines, ballotée au gré des rumeurs et informations sur les discussions entre le Royaume-Uni et l'UE, alors que la crainte d'une absence d'accord, le pire des scénarios pour les milieux financiers, est toujours présente.

Pour accompagner la période turbulente qui s'annonce, le gouverneur de la BoE, Mark Carney, vient d'ailleurs de voir son mandat prolongé de sept mois, jusqu'en janvier 2020, alors qu'il devait l'achever à l'été 2019.

Quel impact du Brexit ?

La BoE répète qu'elle s'attend à ce que les perspectives économiques puissent être influencées significativement par l'impact qu'aura le Brexit sur les ménages, les entreprises et les marchés financiers.

Elle se montre en outre un peu plus pessimiste qu'en août sur la guerre commerciale en cours entre les Etats-Unis et la Chine dont l'impact pourrait être plus négatif qu'anticipé, et mentionne les conditions financières plus difficiles pour les marchés émergents.

Les membres du CPM prennent toutefois acte d'une activité économique plus forte cet été au Royaume-Uni et relèvent leur prévision de croissance du produit intérieur brut à 0,5% pour le troisième trimestre, contre 0,4% selon la précédente estimation.

L'économie britannique est en passe de confirmer son rebond après un début d'année difficile marquée par une météo exécrable. L'activité dans les services se porte bien et le taux de chômage reste au plus bas à 4%.

La BoE prévoyait néanmoins en août un net ralentissement de la croissance à 1,4% sur l'ensemble de l'année 2018.

Concernant l'avenir de sa politique monétaire, elle ne change pas de discours et anticipe la poursuite de la hausse graduelle des taux dans les années à venir afin de faire retomber l'inflation à son objectif de 2%. La hausse des prix s'était emballée en particulier l'an dernier en raison d'une baisse de la livre consécutive au référendum de 2016 qui renchérit le prix des biens importés.

La banque centrale s'empresse de préciser que toute décision sur son taux sera conditionnée par le Brexit et que toute hausse se fera en douceur et aura une ampleur limitée.

"Le Comité a conservé le caractère vague de son objectif" de politique monétaire, remarque Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

"Nous doutons toujours d'une hausse des taux avant la signature de l'accord de retrait (de l'UE, ndlr) par le Parlement en début d'année prochaine", affirme-t-il.

afp/buc