Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé jeudi son taux directeur à 3,5%, un sommet depuis octobre 2008, pour contenir une inflation qui frôle 11% et malgré une économie britannique qui s'engage sur la voie d'une récession.

Elle a toutefois ralenti le rythme de resserrement monétaire, tout comme la banque centrale américaine (Fed) la veille.

Le Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE a voté pour "une hausse du taux directeur de 0,5 point de pourcentage", indique l'institution britannique dans un communiqué, soit moins que le niveau de 0,75 point du mois précédent, même si "de nouvelles hausses pourraient être nécessaires", selon elle.

Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) est elle aussi passée d'une hausse de 0,75 point à 0,5 point, et la Banque centrale européenne (BCE) leur a emboîté le pas jeudi.

"Même si l'activité économique s'affaiblit sans aucun doute, il y a des signes qu'elle est plus résistante que prévu et il n'est pas clair à quel rythme le marché du travail va se détendre", note la BoE dans les minutes de sa réunion.

Elle prévoit désormais une contraction de 0,1% du PIB du Royaume-Uni au quatrième trimestre, soit un repli un peu moins marqué que la contraction de 0,3% qui était attendue en novembre. Mais elle n'amende pas sa prévision d'une longue récession qui aurait déjà débuté.

Et l'inflation, si elle a reculé à 10,7% en novembre, reste à un sommet en près de 40 ans, alimentant une crise du coût de la vie dans le pays où les grèves se multiplient.

"En montant ses taux, la Banque augmente les coûts pour des millions de foyers qui vont faire face à des taux d'emprunts plus élevés l'année prochaine", rappelle dans une note Josie Dent, économiste chez Cebr.

"Les dernières projections du MPC suggèrent que l'inflation sur un an a atteint son sommet" en octobre, affirme le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, dans une lettre au ministre des Finances, exercice obligatoire quand l'inflation s'éloigne de plus d'un point de pourcentage de l'objectif de 2%.

La hausse des prix est, cependant, "de plus en plus alimentée par des facteurs locaux. Le marché du travail, notamment, est très tendu", ajoute-t-il, prévoyant une baisse durable de l'inflation seulement à partir du printemps 2023.

Signe de la difficulté pour le MPC de ménager l'économie tout en combattant l'inflation, sur ses neuf membres, deux ont défendu un maintien des taux à leur niveau de novembre et un autre une hausse plus marquée de 0,75 point de pourcentage.

La livre se repliait (-0,92% à 1,2312 dollar vers 13H20 GMT), les investisseurs notant que la Fed s'est montrée plus déterminée à continuer de remonter ses taux que la BoE.

afp/rp