par Julie Gordon et David Ljunggren

OTTAWA, 27 octobre (Reuters) - La Banque du Canada a laissé entendre mercredi qu'elle pourrait relever son taux directeur plus tôt que prévu et a prévenu que l'inflation resterait supérieure à son objectif pendant une grande partie de 2022 en raison de la hausse des prix de l'énergie et des goulets d'étranglement de l'offre.

La banque centrale a maintenu, comme attendu, son taux d'intérêt à son plus bas niveau historique à 0,25% et annoncé qu'elle arrêtait sa politique d'assouplissement quantitatif (QE) pour prendre en compte les progrès réalisés dans la reprise économique, la vaccination contre le COVID-19 et l'importante amélioration du marché de l'emploi.

"L'économie canadienne affiche de nouveau une croissance robuste", a-t-elle souligné dans un communiqué. "Nous nous attendons maintenant à ce que l'écart de production se résorbe au deuxième ou au troisième trimestre de 2022, soit plus tôt que prévu en juillet", a-t-elle poursuivi. Elle a réaffirmé son engagement à maintenir son taux à sa valeur plancher jusqu'à ce cet objectif soit atteint.

La Banque du Canada anticipait jusqu'alors une reprise complète au cours du second semestre de 2022.

La banque centrale estime toutefois ce calendrier plus incertain que d'ordinaire en raison des obstacles à la reprise dus à la pandémie.

L'institut monétaire a abaissé sa prévision de croissance 2021 à 5,1%, contre 6% prévu en juillet.

L'inflation devrait rester plus longtemps que prévu au-dessus d'une fourchette cible allant de 1% à 3% avant de se rapprocher de l'objectif de 2% fin 2022. Elle prévoit également que l'inflation atteindra 4,8% au quatrième trimestre 2021 puis 2,1% au quatrième trimestre de 2022.

"On s’attend donc à une croissance un peu plus faible au Canada et à ce que l’inflation redescende plus lentement. Les principales forces qui font monter les prix – cours plus élevés de l’énergie et goulots d’étranglement du côté de l’offre – semblent maintenant plus puissantes et persistantes qu’on le pensait", a-t-elle dit.

Ces goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement devraient être largement éliminés d'ici fin 2022, selon elle.

Une forte demande extérieure devrait se traduire par une solide reprise des exportations tandis que les investissements des entreprises en dehors du secteur pétrolier et gazier devraient augmenter à mesure que les contraintes d'approvisionnement s'atténuent.

Elle a ajouté que le programme d'assouplissement quantitative passera maintenant en phase de réinvestissement lors de laquelle elle achètera des obligations du gouvernement uniquement pour remplacer celles arrivant à échéance. (Reportage Julie Gordon et David Ljunggren, version française Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)