Tokyo (awp/afp) - La Banque du Japon (BoJ) a livré jeudi ses nouvelles prévisions d'inflation, faisant le constat que sa cible de 2% ne serait pas atteinte avant très longtemps, malgré des années d'une politique monétaire ultra-accommodante, qu'elle maintiendra "jusqu'au printemps 2020 au moins".

Elle anticipe une évolution des prix de 1,6% sur la période d'avril 2021 à mars 2022, selon un rapport trimestriel publié à l'issue d'une réunion de deux jours.

Quand le dynamique gouverneur Haruhiko Kuroda avait pris ses fonctions au printemps 2013, il était plein d'espoir. Il parviendrait dans les deux ans à l'objectif de 2% fixé avec le gouvernement, promettait-il alors.

Or, d'après les projections communiquées ce jeudi, il n'y arrivera peut-être pas avant la fin de son second mandat, en 2023.

"Il est extrêmement regrettable que nous n'ayons pas atteint 2% d'inflation six ans après" la mise en place de notre objectif, a reconnu le gouverneur Haruhiko Kuroda lors d'une conférence de presse.

Petite nouveauté: dans une volonté de "clarification", la Banque centrale insiste dans sa déclaration sur son intention de "maintenir les taux d'intérêt à un niveau très bas sur une période prolongée, au moins jusqu'au printemps 2020".

Cette politique "pourrait même se poursuivre au-delà", "plus longtemps que ce que vous pensez", a souligné M. Kuroda.

La BoJ se donne ainsi le temps d'évaluer "les effets de la hausse de taxe sur la consommation", prévue en octobre 2019 afin d'enrayer la colossale dette publique. Les autorités, qui ont déjà reporté à deux reprises cette mesure par crainte qu'elle ne fasse dérailler la croissance, ont promis cette fois de la mettre en oeuvre même si des voix appellent à y renoncer.

Prévisions abaissées

Dans son rapport, la BoJ continue à parier sur une trajectoire ascendante des prix, même si les chiffres montrent une stagnation sous 1% depuis plusieurs mois maintenant.

Cette situation s'explique par une demande trop faible par rapport à l'offre, dans une troisième économie mondiale qui manque d'élan sur fond de déclin démographique et de vieillissement de la population.

Face au "ralentissement" de la conjoncture mondiale, l'institution monétaire a par ailleurs légèrement abaissé ses estimations de croissance, désormais attendue à +0,8% en 2019/20 et +0,9% ensuite.

Concrètement, la Banque centrale a reconduit son programme de rachats d'actifs en masse, pour un montant annuel officiellement situé autour de 80'000 milliards de yens (près de 730 milliards de francs suisses), mais qui varie pour que le taux des obligations d'Etat à 10 ans se maintienne autour de 0%.

L'objectif est que les investisseurs qui se défont de ces actifs, des banques le plus souvent, réinjectent dans l'économie les liquidités qu'ils obtiennent en échange. Les établissements bancaires sont censés prêter aux ménages et aux entreprises qui, à leur tour, doivent stimuler la croissance et l'inflation.

Dans la même optique, la Banque centrale nippone a instauré des taux d'intérêt négatifs (-0,1%) sur certains dépôts de banques dans ses coffres, pour les dissuader d'y faire dormir de l'argent. Là aussi, elle n'a procédé à aucun changement.

afp/buc