WASHINGTON, 28 février (Reuters) - La Banque mondiale a reporté jeudi un prêt de 90 millions de dollars (65 millions d'euros) destiné au système de santé ougandais après l'entrée en vigueur d'une loi sanctionnant l'homosexualité.

"Nous avons différé le projet pour un nouvel examen pour nous assurer que les objectifs de développement ne soient pas touchés par l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi", a déclaré le porte-parole de la Banque mondiale David Theis dans un courriel.

Le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué lundi une loi qui rend passibles de la prison à vie les faits d'"homosexualité grave". Le texte criminalise aussi la non dénonciation de relations homosexuelles.

Malgré la neutralité traditionnelle affichée par la Banque mondiale, son président Jim Yong Kim a envoyé un courrier au personnel de l'institution qui souligne que la Banque est opposée à toute discrimination et quelle protégera la sécurité de tous ses employés.

Il souligne que le vote de la loi ougandaise n'set pas un incident isolé; 83 pays interdisent l'homosexualité et plus de 100 autorisent les discriminations envers les femmes.

"Dans les prochains mois, nous aurons une large discussion sur la discrimination avec le personnel, la direction et notre conseil d'administration sur ces questions", déclare Kim dans son courriel dont Reuters a pu obtenir une copie. "C'est actuellement le bon moment pour cette conversation."

L'homosexualité est taboue dans la quasi-totalité des pays africains et illégale dans 37 d'entre eux, dont en Ouganda, où c'est un crime depuis la colonisation britannique.

La Banque mondiale a toutefois encore un ensemble de projets d'un montant de 1,56 milliard de dollars en Ouganda, un des pays les plus pauvres au monde.

Le report du prêt fait suite aux décisions de la Norvège et du Danemark de retenir des dons à l'Ouganda à cause de la loi anti-gay. D'autres pays donateurs ont menacé de leur emboîter le pas. Les Etats-unis, qui fournissent une aide annuelle de 400 millions de dollars à Kampala, ont annoncé réexaminer leurs relations.

Le conseil des administrateurs de la Banque mondiale devait approuver le projet sanitaire ougandais jeudi. L'argent devait servir à compléter un prêt de 2010 centré sur la santé maternelle, les soins aux nouveau-nés et le planning familial. (Anna Yukhananov; Danielle Rouquié pour le service français)