Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) devrait jeudi laisser sa politique monétaire inchangée, attendant de voir les effets sur l'économie britannique de la première hausse de taux en une décennie décidée il y a six semaines.

"Comme la hausse de taux de novembre était la première depuis 2007, le CPM (Comité de politique monétaire de la BoE) pourrait bien estimer qu'il est nécessaire d'attendre, pendant une période prolongée, de voir comment les consommateurs et les entreprises y réagissent", a estimé Howard Archer, économiste chez EY Item Club.

Début novembre, la banque centrale britannique avait relevé son taux directeur de 25 points de base, à 0,50%, afin de tenter de contrer l'accélération de l'inflation, qui s'est d'ailleurs inscrite à 3,1% sur un an en novembre, soit bien au-dessus du niveau cible de 2%.

Mais comme l'ont fait remarquer les experts de Capital Economics, si l'inflation a été un peu plus élevée qu'attendu en novembre, elle devrait avoir atteint un pic, alors "il n'y pas besoin pour le CPM de rapidement relever de nouveau ses taux afin de juguler les tensions inflationnistes".

En outre, la hausse des salaires reste à la traîne, même s'ils ont augmenté (prime comprises) de 2,5% lors de la période de trois mois achevée fin octobre sur un an.

AMÉLIORATIONS INSUFFISANTES

Le taux de chômage a déçu les attentes d'une légère baisse en restant stable à 4,3%. "L'amélioration d'une seule donnée sur un seul mois n'est probablement pas suffisante" pour que certains des neuf membres du CPM votent dès demain pour une nouvelle hausse de taux, a prévenu Alan Clarke, économiste chez Scotiabank.

Le mois dernier, deux membres du CPM avaient recommandé la prudence en votant pour un maintien du taux à 0,25%, le niveau historiquement bas auquel il avait été abaissé en août 2016 afin d'aider l'économie britannique à encaisser le choc du vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE).

Mais jeudi, le statu quo devrait être unanime, s'accordaient à dire les observateurs, qui estiment de plus qu'au delà des données macroéconomiques britanniques, les incertitudes liées aux modalités du Brexit et à la relation future entre le Royaume-Uni et l'UE devraient continuer d'alimenter la prudence générale du CPM.

Dans ce contexte, les observateurs peinent à prévoir la date de la prochaine hausse de taux au Royaume-Uni, les plus optimistes tablant sur mai 2018 et les plus prudents soulignant le risque d'un délai jusqu'à après la date effective du Brexit, prévu fin mars 2019.

La BoE devrait par ailleurs laisser inchangé le montant total de son programme de rachats d'obligations d'État, à 435 milliards de livres (environ 493 milliards d'euros au cours de mercredi).

Ce programme avait été relancé en août 2016, avec le déblocage de 60 milliards de livres supplémentaires sur six mois. La BoE avait annoncé en même temps un programme de 10 milliards de livres de rachats d'obligations d'entreprises, prévu initialement sur 18 mois et épuisé fin avril.

afp/ol