Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu son taux directeur à un plancher historique de 0,1% et son programme de rachats d'actifs tout en prévenant que l'inflation risquait d'accélérer temporairement bien au-dessus de sa cible de 2%.

Même si l'inflation britannique atteignait déjà en mai 2,1% sur un an, aucun membre du comité monétaire n'a voté pour relever les taux d'intérêt.

"Le comité se focalise sur les perspectives à moyen terme de l'inflation", précise le communiqué, "plutôt que sur des facteurs qui seront probablement transitoires".

"Le comité ne compte pas durcir sa politique monétaire tant qu'il n'y a pas de preuves claires que l'économie tourne à plein régime et que l'objectif d'inflation à 2% n'est pas atteint sur le long terme", continue l'institution.

Après un long confinement hivernal qui a plombé l'économie britannique, la réouverture entamée en avril lui a permis de repartir de plus belle.

Lors de sa dernière réunion fin avril, la BoE a revu ses prévisions de croissance en hausse, à 7,25% pour 2021, notamment en raison du succès de la campagne de vaccination au Royaume-Uni (82,5% des adultes ont reçu une première dose et 60,3% leurs deux doses).

"Les chercheurs de la Banque ont revu en hausse le niveau de la croissance au deuxième trimestre, de 1,5 point depuis le rapport de mai", explique la BoE dans les minutes de sa réunion, sans indiquer comment cela affectera la croissance annuelle.

Variants et prudence

Mais la propagation du variant delta du Covid-19 a retardé la réouverture complète du pays, désormais prévue le 19 juillet.

"Les conséquences économiques de ces délais pour la dernière étape de relâchement des mesures prises contre le Covid-19 devraient être limitées par rapport aux précédentes étapes", juge l'institution.

Le débat sur l'inflation a actuellement lieu dans toutes les grandes banques centrales: aux Etats-Unis, la Fed a provoqué l'émoi des marchés mi-juin en avançant ses prévisions de hausse des taux de 2024 à 2023.

En ne suivant pas l'exemple de la Fed, les responsables de la BoE ont pu décevoir les cambistes: vers 11H35 GMT (13H35 à Paris), la livre sterling, qui avait commencé la séance en progression, cédait 0,38% à 1,3910 dollar et 0,48% face à l'euro à 85,83 pence pour un euro.

"La BoE admet que le gouverneur de la Banque Andrew Bailey va devoir écrire au ministre des Finances pour expliquer pourquoi l'inflation dépasse son objectif de plus de 1%, mais dans l'ensemble le comité semble prêt à accepter cette hausse sur les six prochains mois", résume Paul Dales, analyste chez Capital Economics.

"Vu le ton très prudent de la Banque, il va falloir que l'économie britannique soit étincelante pour que les attentes du marché, d'une hausse des taux dans 12 mois, se réalise", a commenté Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

Seul membre du comité monétaire à avoir réclamé une baisse du programme de rachats d'actifs dès ce mois-ci, le chef économiste Andy Haldane quitte l'institution et ne sera pas présent lors du prochain vote. Son remplaçant n'a pas encore été nommé.

La décision de la BoE ne sera pas suivie d'une conférence de presse. Les économistes devront donc attendre les prises de parole des membres du comité dans les jours à venir pour en savoir plus.

afp/rp