par Shinichi Saoshiro

TOKYO, 24 août (Reuters) - Les marchés asiatiques ont plongé lundi matin à des niveaux inédits depuis trois ans, entraînés par la nouvelle débâcle de la Bourse de Shanghai sur fond d'inquiétudes persistantes pour la croissance chinoise.

Le ralentissement de la deuxième puissance économique de la planète, les turbulences sur ses places financières et la dévaluation du yuan il y a près de deux semaines continuent de perturber les marchés à travers le monde.

"Il n'y a aucune bonne nouvelle, les actions sont encore chères et il n'y a pas d'argent frais qui arrive", explique Qi Yifeng, analyste chez CEBM.

Shanghai, qui a dévissé de plus de 11% la semaine dernière, a entamé la dernière semaine d'août sur un nouveau dérapage incontrôlable. Après avoir ouvert en recul de 3,8%, l'indice CSI300 a creusé ses pertes et après deux heures de cotation cédait 8,28%. L'indice composite SCI s'effondre lui aussi. En baisse de 5% à l'ouverture, il perdait 8,3% deux heures plus tard.

A Tokyo, première place majeure à ouvrir en Asie, la Bourse a ouvert en baisse de 1,86% et le mouvement s'est accentué. A la mi-séance, le Nikkei enregistrait des pertes de 3,21%, repassant sous la barre des 19.000 points à 18.128,49 points, en recul de 623,34 points. Le Topix, plus large, a cédé encore plus de terrain, reculant de 3,86% à 1.512,28 points.

La tendance est identique à Hong Kong, où l'indice Hang Seng perd 4,38%, et à Taipeh, où le principal indice taiwanais, le TAIEX, sombre (-6,18%).

L'indice régional MSCI des actions des marchés d'Asie-Pacifique hors Japon recule de 4,8%, au plus bas depuis quatre ans.

"La Chine pourrait être contrainte de dévaluer encore le yuan si son économie fléchit, et les marchés actions doivent gérer la perspective d'un yuan plus faible amplifiant l'impact négatif d'une économie chinoise léthargique", commente Eiji Kinouchi, analyste chez Daiwa Securities à Tokyo.

CONTAGION

La peur d'une contagion à l'échelle mondiale du ralentissement de la deuxième puissance économique de la planète avait déjà fait vivre vendredi à Wall Street sa pire séance depuis près de quatre ans, les trois indices de référence perdant plus de 3%. (voir )

La déprime touche aussi les matières premières. Le cuivre, considéré comme un baromètre de la demande mondiale, a atteint lundi son cours le plus bas depuis six ans et demi.

Publié vendredi, l'indice PMI Caixin/Markit a révélé que le secteur manufacturier chinois s'était contracté en août à un rythme jamais vu depuis près de six ans et demi sur fond de baisse des commandes intérieures et à l'exportation. (voir )

Cette semaine encore, les investisseurs vont surveiller de près la Chine dans l'attente de mesures de stimulation de la part de Pékin afin de freiner le ralentissement. (voir )

Mais d'autres facteurs pèsent sur les marchés financiers.

"Au premier abord, il serait aisé de désigner du doigt le ralentissement de la croissance de la Chine, la chute des prix du pétrole et la guerre des devises sur les marchés émergents comme les raisons du vif recul mondial des marchés actions cet été", écrit Sean Darby, chef stratégiste de Jeffries pour les marchés d'action, dans une note.

"Cependant, un mélange de forces désinflationnistes et déflationnistes, un resserrement des conditions monétaires mondiales et une détérioration des bénéfices sur les marchés émergents sont des facteurs encore plus puissants", ajoute-t-il. (avec Pete Sweeney et Samuel Chen à Shanghaï et David Randall à New York; Patrick Vignal et Henri-Pierre André pour le service français)